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Syrie: la privatisation pour redresser le pays

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LE MONDE QUI BOUGE. En Syrie, un mois et demi après la chute de Bachar al-Assad, les nouvelles autorités prônent le libéralisme pour redresser le pays.

Le redressement économique, priorité affichée des autorités intérimaires syriennes. Elles veulent sortir du modèle "socialiste" du régime Assad. Pour ce faire, plusieurs pistes sont envisagées et notamment la privatisation des entreprises d'État déficitaires qui représentent environ 70% du secteur public.

Le nouveau pouvoir démontre une volonté d’ouverture. Il en veut pour preuve la première participation du pays cette année au Forum économique mondial. Juste avant son départ pour Davos, le ministre syrien des Affaires étrangères a accordé une interview au Financial Times. Asaad al-Shaibani y précise une stratégie de rupture.

Au-delà des privatisations, des partenariats public-privé seront étudiés pour encourager les investissements. Il s’agirait de restaurer et de développer les routes, les chemins de fer et les aéroports.

"Il faut une loi et des messages clairs pour ouvrir la voie aux investisseurs étrangers et pour encourager les investisseurs syriens à revenir au pays", dit-il.

Le projet est louable mais il ne sera pas simple de trouver des acquéreurs pour des sociétés en déclin depuis des années dans un pays en ruine.

Une économie exsangue

Selon la banque mondiale, le PIB a chuté de 84% entre le début de la guerre et 2023. Les caisses sont vides. La livre syrienne a perdu 90% de sa valeur. La production pétrolière n'est plus que l'ombre d'elle-même (380.000 barils produits par jour en 2010, 90.000 moins l'an dernier).

Sous Bachar al-Assad, l'économie syrienne reposait principalement sur le narcotrafic. Le Captagon, cette drogue de synthèse, rapportait jusqu’à 5 milliards de dollars par an, soit plus que la totalité des exportations.

Caroline Loyer : Damas veut privatiser pour relancer l'économie - 24/01
Caroline Loyer : Damas veut privatiser pour relancer l'économie - 24/01
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Le nouveau leader promet aujourd’hui de "purifier le pays" en mettant un terme à la production. Mais il va bien falloir remplacer cette manne financière.

L'espoir d'une contrepartie

Ces promesses de libéralisme, de réformes, c’est aussi un appel du pied à la communauté internationale. En échange de ces efforts, les autorités intérimaires espèrent la levée des sanctions. Si elles perduraient, ces dernières "empêcheraient la reprise économique", estime le gouvernement.

Les États-Unis ont déjà procédé à un allègement des restrictions sur les carburants mais pour aller plus loin elle attendent des gages notamment s’agissant des droits des femmes et des minorités.

L’Union européenne est divisée. Plusieurs membres dont la France, l’Allemagne ou l’Espagne appellent à suspendre temporairement les sanctions dans les secteurs de l’énergie, des transports, et la banque. Mais la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas, est très claire:

L'allègement des sanctions sera conditionné "à des progrès tangibles dans le cadre d’une transition politique reflétant la Syrie dans toute sa diversité".

Damas fait des promesses mais la communauté internationale attend des actes. Les Vingt-Sept se réunissent lundi pour discuter du sujet. Al-Shaibani espère que Bruxelles sera sensible à ses arguments. "Nous ne voulons pas vivre de l'aide humanitaire surtout quand la raison de ces sanctions se trouve désormais à Moscou", dit-il.

Caroline Loyer