Déflation: vers une "décennie perdue" en Chine?

La déflation chinoise va-t-elle durer? Hier, le Bureau national des statistiques (BNS) a annoncé que l'indice des prix à la consommation en Chine s'était inscrit en juillet en baisse de 0,3% sur un an, une baisse synonyme d'entrée du pays en déflation pour la première fois en plus de deux ans. "On a une baisse des prix momentanée, a insisté Jean-François Di Meglio au micro de BFM Business ce matin. Il est possible que ce soit le début de la déflation qui n'est pas l'inverse de l'inflation." Le président de l'Asia Centre rappelle notamment que la sortie de l'inflation se fait via une hausse des taux, là où "il est très difficile de contrarier la déflation qui vient d'un phénomène démographique, de confiance et de ralentissement économique."
Une problématique qui incite Jean-François Di Meglio a esquissé un parallèle entre la situation chinoise et la "décennie perdue" qu'a traversée le Japon dans les années 1990. "Le gouvernement japonais n'était pas tombé de la dernière pluie, souligne-t-il. Il a pris les mesures et réglé son problème financier en fermant les écoutilles et en empêchant les étrangers de regarder ce qu'il se passait. Il a donné des garanties au système bancaire pour empêcher qu'il s'effondre et l'économie a finalement tenu le coup."
Un ralentissement multifactoriel
Le président de l'Asia Centre perçoit plusieurs éléments pouvant expliquer ce ralentissement, selon lui prévisible, de l'économie chinoise. D'abord, "une sortie de Covid paradoxale qui se fait à contre-temps par rapport à l'économie mondiale" laquelle "reste le moteur des exportations chinoises". Il mentionne également une consommation intérieure trop faible alors que les autorités chinoises souhaitent en faire le fer de lance de la croissance du pays depuis des années pour contre-balancer les investissements. Problème: la confiance a été ébranlée ces denières années.
Jean-François Di Megli évoque aussi la crise immobilière qui dure depuis plus de deux ans alors que le secteur capte l'essentiel de l'épargne en Chine: "On a une baisse des prix de l'immobilier qui est le réconfort de l'épargnant chinois." Le président de l'Asia Centre relève toutefois les actes du gouvernement pour réduire l'ampleur de cette crise de la pierre. "On est dans une politique de taux relativement laxistes qui permettent d'emprunter et de supporter la charge des emprunts", observe-t-il.