Déficit commercial: pourquoi un écart de 260 milliards entre la France et l'Allemagne?

La France a une économie exportatrice moins spécialisée que celle de l'Allemagne. - -
Un fossé de 259 milliards d'euros. C'est ce qui sépare la France et l'Allemagne en termes de commerce extérieur. Ce vendredi 7 février, les deux pays ont à quelques minutes d'intervalle publié les comptes de leurs balances commerciales pour l'année 2013.
Le résultat est sans appel: l'Allemagne a enregistré un excédent record de 198 milliards d'euros alors que la France a été, une nouvelle fois, dans le rouge à hauteur de 61 milliards d'euros, soit cependant 12 milliards de moins qu'en 2011. Les exportations allemandes représentent plus du double de celles de la France, à 1.094 milliards contre 435 milliards d'euros.
Ce décrochage, loin d'être nouveau, est dû à un ensemble de facteurs structurels. Voici lesquels.
> L'organisation industrielle
"Depuis une quinzaine d'années, l'Allemagne s'est spécialisée sur des produits à haute valeur ajoutée et a réorganisé son secteur productif en ce sens", alors que la France n'a pas fait ce choix et a "un problème de spécialisation sectorielle", explique Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo.
L'Allemagne produit des biens d'équipements (automobiles, machines-outils...) réputés de qualité. Ces biens ont un succès certain auprès des pays émergents qui montent en gamme et choisissent de s'équiper en optant pour les fournisseurs germaniques.
> La résistance à l'euro fort
Contrairement à la France, dont Arnaud Montebourg n'a cessé d'expliquer qu'elle était pénalisée par l'euro fort, l'Allemagne résiste bien à l'appréciation de la monnaie unique qui s'échange actuellement à 1,35 euro pour un dollar.
La qualité de ses produits lui permet de supporter l'effet prix occasionné par le haut niveau de la devise. Autre explication: l'euro fort a aussi pour effet de diminuer les prix des importations. L'Allemagne a ainsi pu s'approvisionner à moindre coût en matières premières pour son industrie.
> Le coût du travail
Dans une récente note intitulée France-Allemagne, convergence de vues?, Caroline Newhouse de BNP Paribas écrit que "les parts de marché de la France ont baissé de près de 40% depuis une décennie"'. "En outre, l’industrie française a pâti vis-à-vis de l’Allemagne de l’évolution du coût du travail, et en particulier des cotisations sociales payées par les employeurs", poursuit-elle.
Dans une étude de 2011, le Coe Rexecode, un think tank libéral, estimait que l'écart de coûts salariaux unitaires entre les deux pays s'élevait à 14%.
> La fiscalité
Le Medef évalue à environ 116 milliards d'euros le montant des prélèvements à supprimer pour que la France comble son écart de compétitivité avec l'Allemagne.
Sans reprendre les chiffres de l'organisation patronale, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, en évoquant une baisse de l'impôt sur les sociétés, déclarait mi-janvier sur France Inter "qu'il faut harmoniser avec l'Allemagne, il ne s'agit pas de baisser pour baisser".