Allemagne: Bruxelles estime que ses aides énergétiques ne sont pas assez ciblées

Les dépenses budgétaires prévues l'an prochain par l'Allemagne pour protéger son économie de la hausse des prix de l'énergie ne sont pas suffisamment "ciblées". C'est ce que la Commission européenne a estimé mardi. Elle a en revanche adressé un satisfecit à la France sur ce point.
Dans un avis sur les projets de budget 2023 des Etats membres de l'UE, publié mardi, l'exécutif européen a épinglé l'Allemagne et neuf autres pays, dont l'Autriche, la Belgique et les Pays-Bas, jugeant leurs plans pour l'an prochain "pas complètement alignés" sur les recommandations de la Commission. Celle-ci "invite" ce groupe de dix pays -qui inclut aussi l'Estonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Slovénie, la Slovaquie et le Portugal- à "prendre les mesures nécessaires (...) pour s'assurer que leur budget 2023 soit complètement aligné" sur ses recommandations.
L'Allemagne accusée de concurrence déloyale
Dans le cas de l'Allemagne, Bruxelles estime que la hausse des dépenses budgétaires "ne résulte pas d'un soutien temporaire et ciblé aux ménages et aux entreprises les plus vulnérables". Depuis l'annonce d'un plan d'aide massif à 200 milliards d'euros pour aider les ménages et les entreprises à faire face à la flambée des prix de l'énergie, l'Allemagne fait l'objet de nombreuses critiques. Elle a notamment été accusée par plusieurs responsables européens de concurrence déloyale vis-à-vis des autres pays de l'Union européenne (UE).
Mais cet avis de la Commission européenne n'est pas contraignant. Les règles du Pacte de stabilité et de croissance, qui imposent des limites précises aux budgets nationaux, ont été suspendues jusqu'à fin 2023 à cause de la crise économique provoquée par la guerre en Ukraine. La communication de mardi vise surtout à "engager un travail avec les Etats membres pour voir comment le ciblage de leurs mesures pourrait être amélioré", a expliqué un responsable européen.
La France, la Grèce et l'Espagne, les bons élèves
A contrario, la Commission estime que les projets de budget de la France, la Grèce et l'Espagne pour 2023 "respectent les recommandations", notamment celle de limiter les aides aux ménages et entreprises les plus fragiles.
Concernant l'Italie, Bruxelles s'est abstenue d'émettre un avis, dans l'attente d'informations sur les dernières mesures adoptées par le nouveau gouvernement de Giorgia Meloni.
Parmi les pays fortement endettés, la Belgique est montrée du doigt: la croissance des dépenses prévues dans son budget pour l'an prochain est jugée excessive. "Une grande partie du problème vient de l'indexation des salaires du secteur public et des prestations sociales sur l'inflation", a commenté le responsable européen.