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Transports

Vers la libéralisation des taxis ?

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Pour relancer la compétitivité, le gouvernement pourrait ouvrir les professions réglementées : les pharmaciens, les notaires, ou encore les taxis, qui ne paieraient plus de licence. A la clé, de l’emploi, plus de taxis, mais aussi plus de concurrence pour les professionnels.

Taxis, pharmaciens, notaires, huissiers, autant de professions réglementées qui pourraient voir les barrières se lever. Le gouvernement veut en effet mener des « réformes structurelles d'une ampleur inédite » pour relancer la compétitivité de la France en termes de coûts de production mais aussi d'innovation et d'efficacité, selon Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, à l'issue d'une réunion à Matignon de la moitié du gouvernement consacrée au sujet. Le gouvernement attend pour le 5 novembre la publication d'un rapport sur le sujet rédigé par l'industriel Louis Gallois, mais pourrait aussi reprendre certaines propositions du rapport Attali, rendu en 2008 à Nicolas Sarkozy.
L'ancien conseiller de François Mitterrand proposait de revenir sur le monopole ou l'accès restreint à certaines professions, mais la mesure avait été abandonnée. Aujourd’hui, elle ressort, au plus grand bonheur des clients qui trouveront plus facilement un taxi. Mais les chauffeurs montent au créneau.

« C’est une arnaque pour nous ! »

Pour les professionnels, ouvrir la profession mettrait en péril leur travail. C’est ce qu’estime Mokthar, taxi depuis 33 ans, qui regrette déjà la concurrence des « motos taxis, les taxis clandestins, les autolibs… Tout ça, ce sont des clients potentiels qu’on perd », estime-t-il. Pour son collègue Rami, c’est carrément une injustice. Une déréglementation des taxis entraînerait en effet une gratuité de la licence, que lui a payé « 218 000 euros ». « Je dois la rembourser sur 10 ans, donc je travaille comme un esclave, 7 sur 7 », raconte-t-il. « Nous on a payé cher, les autres viennent et vont avoir leur licence gratuitement, c'est une arnaque pour nous ! » Si le gouvernement passe à l’action, il a donc prévenu : il n’hésitera pas à se mettre en grève.

« 300 à 500 000 emplois en plus »

Pour Jacques Delpla, économiste et ancien membre de la commission Attali, la mesure aurait pourtant de nombreux avantages. « Ce serait d’abord une offre beaucoup plus grande, ce sera très bien pour les consommateurs car les prix baisseront, on peut aller vers des baisses de prix de la moitié pour les taxis. Ensuite c’est bien pour l’emploi, de 300 à 500 000 emplois en plus. En période de crise, ça me paraît très bien ».

« L’un des rares moyens de relancer la croissance »

Pour autant, la mesure n’est pas simple à mettre en place, affirme l’économiste. « La plupart de ces professions votent en général à droite, et la droite a beaucoup de mal à faire ces réformes. Je trouve très bien aujourd’hui qu’un gouvernement de gauche envisage de libéraliser. Il n’a probablement rien à perdre en terme électoral, et comme il n’y a plus d’autres leviers pour faire de la croissance et qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses publiques, c’est l’un des rares moyens du gouvernement actuel pour relancer la croissance ».

M. Chaillot avec Benjamin Smadja