Malgré un trafic en berne, Brittany Ferries renouvelle sa flotte

Navire hybride de Brittany Ferries - Brittany Ferries
C'est un peu la double peine pour Brittany Ferries. Le spécialiste des liaisons maritimes trans-Manche depuis la Normandie et la Bretagne et vers l'Espagne subit à la fois les effets du Brexit et bien sûr les conséquences de la crise du covid.
"C'est une crise double qui impacte nos trafics", commente Jean-Marc Roué, président du conseil de surveillance de la compagnie. Et les prochains moins s'annoncent difficiles avec les nouvelles mesures de quatorzaine imposées par le Royaume-Uni aux voyageurs.
"Le trafic estival de cette année sera même moins bon que celui de l'an passé", prévient le dirigeant. Rappelons qu'en 2020, le chiffre d'affaires du groupe avait déjà été divisé par deux par rapport à 2019...
Niveaux de réservations "très dégradés"
"On est sur des niveaux de réservations très dégradés", ajoute-t-il. Brittany Ferries a ainsi constaté 13.000 annulations/reports depuis les annonces britanniques et table sur 350.000 voyageurs cet été contre 500.000 l'an passé. De quoi creuser les pertes de la compagnie qui pourraient atteindre cette année "quelques dizaines de millions d'euros".
Néanmoins, soutenus par les régions Normandie et Bretagne, Brittany Ferries entend préparer l'avenir en confirmant sa volonté de renouveler sa flotte avec la commande de deux nouveaux navires.
Prévues pour rejoindre la flotte de la Compagnie, en 2024 et 2025, ces deux nouvelles unités opèreront sur les lignes St Malo/Portsmouth et Caen-Ouistreham/Portsmouth. Ils remplaceront le Bretagne entré dans la flotte il y 32 ans et le Normandie. "Une sortie par le haut", résume Jean-Marc Roué qui insiste sur l'ancrage environnemental de ces bateaux.
Le gaz liquéfié et des batteries pour propulser deux nouveaux navires
En effet, ces navires seront propulsés de manière hybride avec deux moteurs alilmentés au GNL (gaz liquéfié) épaulés par des batteries électriques. En mer, à vitesse moyenne, un seul moteur peut entraîner les batteries et ces dernières sont rechargées par les moteurs. Les batteries prennent le relais lors des manoeuvres près du port, sans émission de gaz à effet de serre. A quai, les moteurs peuvent être coupés, évitant également les nuisances sonores et la pollution.
"L’introduction du système hybride optimisé, permettra à terme d’atteindre une réduction totale de la consommation d'énergie et des émissions de gaz à effet de serre entre 10 et 20%", affirme l'opérateur.
"L’avenir de Brittany Ferries n’est envisageable que par l’investissement dans de nouveaux bateaux, en raison du vieillissement de sa flotte et également des contraintes environnementales", assure Christophe Mathieu, Président du Directoire Brittany Ferries.
Reste à déployer les infrastructures nécessaires au ravitaillement GNL dans les ports.
Pour Brittany Ferries, le choix d’un affrètement sur 4 ans avec la possibilité d’une levée d’option d’achat au bout de 4 ans ramène le coût total de l’opération à environ 220 millions d’euros contre près de 400 millions d’euros si l'achat avait été direct.