La ponctualité des aéroports français se dégrade malgré la baisse du nombre de passagers

Si le trafic aérien depuis les aéroports français a rebondi cette année suite à la crise du covid, il est resté en décembre dernier encore inférieur de 21% à la dernière année "normale" pour le secteur, c'est à dire 2019.
Pourtant, malgré un nombre de passagers encore en repli, le nombre de retards est en hausse selon AirHelp, spécialiste de l'indemnisation en ligne des passagers.
Selon ses estimations, "par rapport à 2019, le pourcentage des passagers aériens ayant subi un retard en décembre a augmenté de 22%. Le risque de subir un retard de plus de deux heures est également plus important".
Une tendance qui a duré toute l'année
Un chiffre qui confirme une tendance qui a perduré toute l'année. De mai à août dernier, si 20 millions de Français ont pris l'avion, 38% d'entre eux ont dû faire face à des retards ou à des annulations (45% rien que pour l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle).
C'est 10 points de plus qu'en 2019, alors que le nombre de passagers au départ était bien plus important (28 millions). C'est également 3 points de plus que la moyenne européenne.
"Les aéroports français et les compagnies aériennes doivent de toute urgence prendre conscience que le trafic aérien reprend rapidement après le covid, et y adapter leur fonctionnement. Comment est-ce possible que, bien que les passagers soient moins nombreux, les retards soient plus fréquents?" s'interroge Tomasz Pawliszyn, PDG d'AirHelp.
Pénuries persistantes dans les métiers de la sécurité
Les raisons sont pourtant connues. La pénurie de personnels, notamment dans le domaine stratégique de la sécurité et du contrôle des passagers a pesé toute l'année sur les temps d'embarquement.
En mai dernier, Aéroport de Paris (ADP) estimait que 4000 postes étaient à pourvoir dans les aéroports d'Orly et Charles-de-Gaulle en plus des 600 recrutements en cours chez ADP "dont 400 à Charles-de Gaulle".
"Ce qui nous préoccupe, c'est la bonne expérience du passager et notamment dans les postes d'inspection filtrage (contrôle de sécurité, ndlr). Et aujourd'hui, les entreprises ont beaucoup de mal à recruter", dans ce secteur, expliquait son PDG Augustin de Romanet.
Ce manque d'effectif à perduré toute l'année malgré une amélioration progressive de la situation dans le domaine de la sécurité. Mais recruter dans ce domaine est compliqué, le métier reste peu attractif (salaires, heures décalées) et les délais d'obtention des autorisations administratives pour les nouvelles recrues sont longs.
"On n'avait pas anticipé non plus la reprise économique dynamique avec beaucoup d'offres d'emploi, où les gens qualifiés ont le choix" ce qui complique les recrutements, indiquait le secrétaire général de la CGT Daniel Bertone.
Rappelons que si un vol est annulé ou retardé de plus de trois heures, le règlement européen EC 261 prévoit une compensation pouvant s'élever jusqu'à 600 euros, calculée en fonction de la distance du vol.