Patrick Martin appelle à mieux aider les entreprises à exporter

Le président du Medef Patrick Martin a souhaité ce mercredi un effort accru pour dénicher des entreprises à l'export, tandis que le patron du service public chargé de ce développement international a regretté "l'éparpillement" de l'aide à l'étranger. Laurent Saint-Martin, le directeur général de Business France, a ainsi fermement appelé les différents intervenants à mieux "travailler en équipe" dans les différents pays, pour "cesser d'être peut-être l'écosystème de l'accompagnement le plus bête du monde".
"On a un Team France (composé notamment de Business France, de la banque publique d'investissement Bpifrance et des chambres de commerce et d'industrie, NDLR) qui au fil des ans gagne en efficacité et en dynamique mais il nous faut aller beaucoup plus loin", a déclaré pour sa part le patron du Medef, relevant qu'il y avait "toute une population de PMI (petites et moyennes industries) qui n'est pas consciente de la nécessité de se projeter à l'international".
"Intensifier" l'approche par filière
Il a jugé aussi qu'il fallait "intensifier" l'approche par filière, et prôné, "ce qui vaut aussi pour le Medef", une présence des acteurs accrue en régions "pour aller dénicher toutes ces pépites qui ne sont pas valorisées à l'exportation".
Laurent Saint-Martin a lui aussi estimé qu'il fallait "davantage travailler avec les filières, se mettre dans la roue de leurs stratégies, car ce sont elles qui connaissent le mieux les priorités des entreprises". "Nous avons des missions et des métiers qui peuvent se faire concurrence, a-t-il lancé au public des Rencontres, mais on doit aller au-delà, on ne peut se satisfaire d'un drapeau français aussi éparpillé à l'étranger quand on parle d'économie", a-t-il lancé.
Décrivant les entreprises comme perdues entre "CCI (chambres de commerce et d'industrie), Business France, CCE (conseillers du commerce extérieur), OSCI (opérateurs spécialisés du commerce international)", il estime que "ce n'est plus possible", et "qu'il faut absolument qu'on sache se coordonner dans l'offre, savoir qui fait quoi, et quelle est la brique à plus haute valeur ajoutée selon chaque pays".
"Urgence à se mettre d'accord dans l'UE" sur l'énergie
Le patron du Medef, qui a rencontré la semaine dernière à Berlin ses homologues allemand et italien de la BDI et de la Confindustria, a par ailleurs ressenti chez eux "une grande inquiétude" sur la situation conjoncturelle, marquée par "une compétition internationale qui s'intensifie de manière assez violente", avec des "logiques prédatrices de la part des Etats-Unis et de la Chine".
Le président du Medef a estimé qu'il y avait "urgence à se mettre d'accord dans l'UE" sur l'énergie. Il a d'ores et déjà remarqué "des transferts de production, mais aussi d'investissements et de financements vers les Etats-Unis, où il y a l'IRA", le programme américain de soutien massif à la production industrielle verte, "mais aussi le prix de l'énergie" bas: "c'est flagrant dans la chimie", selon lui.
Revenant enfin sur "le devoir de vigilance" qui oblige les entreprises donneuses d'ordres à prévenir les risques sociaux et environnementaux en leur sein mais aussi chez leurs filiales et sous-traitants, M. Martin a noté "le risque de décalage" avec d'autres pays "moins scrupuleux": "En matière normative, il faut arrêter d'être zélé quand d'autres ne le sont pas", a-t-il affirmé.