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Vinci affiche ses ambitions en s'offrant l'aéroport de Londres-Gatwick

Londres-Gatwick

Londres-Gatwick - ADRIAN DENNIS / AFP

Vinci est devenu le deuxième opérateur aéroportuaire mondial après l'acquisition ce mardi de 50,01% de l'aéroport de Gatwick à Londres. Le groupe garde un oeil sur ADP pour l'avenir.

Vinci Airports a pris possession ce mardi de l'aéroport de Gatwick à Londres, un investissement de trois milliards d'euros qui lui permet de monter en puissance dans le secteur des aéroports où il est présent de l'Amérique au Japon en passant par le Portugal. Acquérir et développer des aéroports est "la priorité du groupe Vinci en termes d'investissements", a expliqué le président de Vinci Airports, Nicolas Notebaert, filiale du géant français du BTP et des concessions Vinci.

Le groupe a annoncé en décembre le rachat de 50,01% de l'aéroport de Gatwick, dans le sud de la mégapole londonienne, pour 2,9 milliards de livres sterling (3,22 milliards d'euros). Mardi, cette transaction a été bouclée et Nicolas Notebaert est venu sur place présenter à la presse les projets du groupe pour cette plateforme - la deuxième du Royaume-Uni - et au-delà. 

Les 49,99% restants de Gatwick sont gérés par la société d'investissement Global Infrastructure Partners (GIP), détaille Vinci Airports qui maintient en l'état l'équipe de direction britannique de l'aéroport. Le groupe leur adjoint toutefois un directeur technique, Cédric Laurier, issu de ses rangs. 

Aéroport majeur

Avec 46 millions de passagers par an, Gatwick constitue un aéroport majeur pour les destinations courtes - c'est notamment la principale base de la compagnie britannique à bas coût EasyJet - mais propose aussi 60 lignes longs courriers que ce soit avec des compagnies occidentales (British Airways, Virgin Atlantic) ou du Golfe (Emirates, Qatar Airways). 

En faisant le tour du propriétaire à travers les deux terminaux de cet aéroport moderne, Nicolas Notebaert insiste sur deux points forts de la plateforme: l'enregistrement automatisé des bagages - Gatwick dispose de la plus longue ligne d'enregistrement automatique avec 60 machines en rang d'oignon - et l'efficacité des contrôles de sécurité - avec une pointe à 600 passagers par heure et par ligne de contrôle. 

"On peut faire mieux du côté des commerces", a-t-il en revanche pointé pour Gatwick. Les revenus tirés des boutiques exploitées par des firmes sous contrat sont moins élevés dans cet aéroport qu'ailleurs, relève Nicolas Notebaert. Il envisage des changements notamment pour placer les restaurants de l'aéroport directement sur le chemin emprunté par les voyageurs - en montrant de l'index un étage un peu isolé où les clients ne sont pas légion.

240 millions de passagers accueillis par an

Doté d'une seule piste utilisée au maximum de ses capacités, l'aéroport de Gatwick n'a pas obtenu le droit de construire une seconde piste - le gouvernement britannique ayant tranché en faveur d'une piste supplémentaire pour l'aéroport londonien concurrent de Heathrow. Mais les dirigeants de Gatwick envisagent une "mini" seconde piste, réservée qu'aux décollages, pour la seconde moitié des années 2020.

L'intégration de Gatwick, le plus important aéroport de son réseau, permet en tous cas déjà à Vinci Airports de devenir le deuxième opérateur aéroportuaire mondial avec plus de 240 millions de passagers accueillis par an.

Le groupe s'enorgueillit d'un réseau "diversifié", avec quelques poids lourds comme les aéroports de Lisbonne et du Kansai (ouest du Japon), qui voient transiter chacun près de 30 millions de passagers par an. Mais Vinci gère aussi de nombreux aéroports moins gigantesques, que ce soit au Cambodge où il a débuté dans ce secteur il y a des années, au Brésil, en République dominicaine, aux Etats-Unis, en Serbie ou encore en Suède. En France, il gère 12 aéroports dont Lyon Saint-Exupéry et Nantes Atlantique. 

ADP en ligne de mire 

La nouvelle étape? Acquérir une part significative d'Aéroports de Paris (ADP) pour développer les aéroports parisiens représenterait "un honneur" pour Vinci Airports, glisse Nicolas Notebaert. Mais le Conseil Constitutionnel vient de donner son feu vert à la proposition de référendum d'initiative partagée (RIP) de parlementaires opposés à la privatisation - ce qui suspend de fait toute vente des parts de l'État français (50,63%). 

"Ce serait dommage pour la France, dans ce concert mondial, de ne pas consolider une activité de leadership mondial incontesté" grâce à une privatisation, a jugé le dirigeant de Vinci Airports qui a concédé une "petite tristesse" pour la France. "Mais si ce n'est pas le cas, on fera autre chose", sourit-il. 
Paul Louis avec AFP