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Scaf: Dassault menace d'un "plan B", Airbus étudie "d'autres options"

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Entre les industriels partenaires du Scaf, la discorde se durcit. Dassault annonce que si un accord n'est pas trouvé, il lancera son "plan B" en fin d'année. Airbus répond qu'il réfléchit lui aussi à "d'autres options".

Le Scaf (Système de combat aérien du futur) est toujours au point mort. Hier, lors de l'annonce des résultats de Dassault Aviation, Eric Trappier, directeur général, a fait part de son impatience.

"On se laisse jusqu'à la fin de l'année pour lancer un plan B", a-t-il déclaré.

Depuis le salon aéronautique de Farnborough, en Angleterre, Guillaume Faury, directeur général d'Airbus, a répondu.

""Il y a le plan A, le SCAF. Il y a également d'autres options, nous y réfléchissons, mais nous travaillons au plan A", a déclaré le dirigeant à Reuters. "Nous voulons que cela se réalise. Je ne veux pas discuter du plan B. Cela compromettrait les chances de parvenir au plan A."

Une solution pour l'automne?

En bref, le rêve de créer l'avion franco-germano-espagnol est bel et bien au point mort. L'ambition de présenter un démonstrateur avant 2030 s'envole en fumée et déjà, Dassault estime que la livraison des premiers appareils ne pourra se faire qu'entre 2040 et 2050.

Le litige entre les deux industriels repose sur le pilotage du projet. Dassault a été choisi comme maître d'oeuvre pour l'avion de combat principal ou futur avion de combat de
nouvelle génération (NGF), avec Airbus en principal sous-traitant.

"La relation maître d'oeuvre/partenaire principal doit encore être clarifiée", a expliqué Dassault Aviation. "[Nous souhaitons] obtenir une déclaration claire d'acceptation de [notre] rôle de maître d'oeuvre par Airbus Defence and Space pour le NGF (en symétrie avec Eurodrone)", a déclaré Eric Trappier.

Le Scaf verra-t-il le jour? Guillaume Faury estime qu'un accord avec Dassault est "chaque jour plus proche" et pourrait même être trouvé "cette année". De son côté, une source proche de Dassault a confié à BFM Business que la situation pourrait évoluer d'ici l'automne.

Le Tempest prêt au décollage

En attendant, la concurrence profite de la discorde. Lors du salon aéronautique de Farnborough, BAE Systems a annoncé le calendrier du programme de Future Combat Air System (FCAS) avec au centre le Tempest, l'avion que prépare le Royaume Uni avec l'Italie et la Suède. Un démonstrateur sera présenté d'ici à 5 ans pour lancer la version finale dès 2035.

Pour Eric Trappier, cette efficacité repose sur un élément clé.

"BAE Systems est le seul maître d'oeuvre, c'est ce que nous réclamons pour être aussi efficace, rien d'autre", a répondu le directeur général de Dassault Aviation à BFM Business.

Le temps presse donc pour l’industrie aéronautique européenne, mais aussi pour les ambitions de l’UE en matière de souveraineté de défense. Car sans Scaf, la seule certitude est que les pays de l'Union seront tentés d'acheter leurs futurs avions aux Britanniques ou aux Américains. Eux n'attendront pas le futur système de combat européen pour remplir les carnets de commandes.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco