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Un japonais décolle pour l'ISS, comment la Russie veut s'imposer dans le tourisme spatial

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Yusaku Maezawa, âgé de 46 ans ne se contentera pas de faire un petit tour dans l'espace, il séjournera pas moins de 12 jours dans la station spatiale internationale.

Une fusée russe Soyouz transportant un milliardaire japonais a décollé ce mercredi pour la Station spatiale internationale (ISS) depuis le cosmodrome de Baïkonour, un voyage marquant le retour de la Russie dans le tourisme orbital.

Yusaku Maezawa, âgé de 46 ans et qui a fait fortune dans la mode en ligne, son assistant Yozo Hirano et le cosmonaute russe Alexandre Missourkine ont décollé à 07H38 GMT comme prévu, a constaté une journaliste de l'AFP.

"Les rêves se réalisent", a-t-il tweeté mercredi matin. "Je suis excité comme un enfant avant un voyage de classe", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à la veille du départ.

Retour dans l'arène spatiale

Les deux touristes spatiaux japonais ne s'offriront pas seulement un tour dans l'espace comme le proposent pour le moment les autres acteurs du tourisme spatial que sont Virgin Galagtic, Blue Origin et SpaceX. Ils séjourneront 12 jours dans le segment russe de la station orbitale où ils ont prévu de tourner des vidéos qui seront publiées sur la chaîne YouTube du milliardaire qui compte plus de 750.000 abonnés. Le prix du billet n'a pas été divulgué...

La mission des deux touristes japonais est organisée par Roscosmos et son partenaire américain Space Adventures. Entre 2001 et 2009, ces deux partenaires avaient déjà envoyé de richissimes entrepreneurs dans l'espace à huit reprises.

Avec une telle proposition, la Russie veut se démarquer de ces concurrents et prendre sa part dans ce très juteux nouveau marché pour le moment dominé par les acteurs anglo-saxons.

Le dernier voyage d'un touriste dans l'espace remonte à 1990, quand un journaliste avait séjourné à bord de la station soviétique Mir. Puis, dans les années 2010, l'agence spatiale russe minée par des scandales notamment de corruption et des difficultés financières et techniques, concurrencée par les Etats-Unis, avait dû ralentir drastiquement son activité.

Ce décollage illustre donc son retour dans l'arène spatiale. Moscou, qui rivalisait avec les États-Unis pour la conquête de l'espace au temps de la guerre froide, semble déterminé à retrouver son rang de puissance spatiale de premier plan après des années de déconvenues.

La Russie se démarque de SpaceX, Blue Origin et Virgin Galactic

Jusqu'à présent, c'est SpaceX d'Elon Musk qui avait proposé l'expérience la plus immersive en organisant en septembre dernier un vol historique de trois jours en orbite avec un équipage composé intégralement d'amateurs.

Une mission qui n'avait rien à voir avec l'expérience de seulement quelques minutes proposée par Virgin Galactic (pour le moment, seul son patron Richard Branson a effectué un voyage) et Blue Origin (deux vols effectués) avec des vols à 80 et 107 kilomètres d'altitude au-dessus de la Terre.

La compagnie d'Elon Musk prévoit aussi d'emmener plusieurs touristes faire le tour de la lune en 2023.

Aujourd'hui, Roscosmos veut aller plus loin. Elle a dépêché en octobre un réalisateur et une actrice à bord de l'ISS pour y tourner le premier film long-métrage de l'histoire en orbite, avant un projet concurrent de Tom Cruise.

L'agence spatiale russe a aussi indiqué qu'elle emmènerait davantage de touristes lors de ses missions vers l'ISS, et prévoit même d'organiser une sortie extravéhiculaire dans l'espace.

Il faut dire que cette activité est très rentable. Virgin Galactic facture ainsi son petit tour dans l'espace 450.000 dollars.

Olivier Chicheportiche avec AFP