Inflation: un impact inégal sur le pouvoir d'achat des Français

Certains ménages sont plus exposés que d'autres. - AFP
Invitée surprise de la fin d’année 2021 sur fond de reprise post-Covid, l’inflation a atteint 3,4% sur un an en décembre (indice des prix harmonisé) en France, contre 0% un an auparavant. Cette évolution des prix à un niveau jamais vu depuis 2008 n’est pas sans conséquence pour le pouvoir d’achat des ménages, même si tous ne sont pas affectés dans les mêmes proportions, comme le montre une étude de l’OFCE parue ce jeudi.
Tirée en grande partie par l’énergie, la hausse des prix observée fin 2021 est ressentie par les Français de manière plus ou moins brutale en fonction du mode de transport qu’ils privilégient et du mode de chauffage utilisé. Il existe donc de fortes hétérogénéités au sein de la population, 10% des ménages ayant été confrontés à une inflation inférieure à 1,8% en décembre, tandis que 10% ont subi une augmentation des prix de plus de 5,3%.
Une exposition à l'inflation liée à la structure de consommation
Les habitants des zones rurales, plus dépendants de la voiture que les autres, sont particulièrement affectés par la hausse des prix des carburants. Résultat, ils ont subi une inflation moyenne de 3,8% en décembre 2021, contre 3,4% pour un ménage habitant en zone urbaine hors agglomération parisienne et 3% pour un ménage habitant en agglomération parisienne.
Les retraités ont également fait face à une inflation plus importante (3,7%) que les ménages dont la personne de référence est en emploi (3,3%) ou que les étudiants (2,5%). Sans doute parce que leur logement est plus ancien et donc plus coûteux à chauffer.
Si les 10% des ménages les plus pauvres consacrent 10% de leurs dépenses à l’électricité, au gaz et aux carburants, cette proportion tombe à 7% pour les 10% des ménages les plus riches. Pour autant, les plus modestes sont moins touchés par l’inflation (3,4%) que les trois déciles suivants (environ 3,6%), ce qui est "probablement lié à une moindre mobilité et des restrictions sur la capacité de se chauffer", note l’OFCE.
Hausse moyenne de pouvoir d'achat pour les 10% les plus modestes
Afin de limiter l’impact du choc inflationniste, le gouvernement a mis en place deux dispositifs visant à protéger les ménages: l’indemnité inflation de 100 euros pour les Français touchant moins de 2000 euros par mois et un renforcement du chèque énergie de 100 euros. 38 millions de personnes étaient éligibles à la première aide, contre 5,8 millions pour la seconde.
Au global, ces deux mesures n’auront pas permis de compenser l’impact de l’inflation avec des pertes de pouvoir d’achat estimées par l’OFCE entre 0,5 et 0,8%. Mais il existe là encore des disparités. Ainsi plus de 60% de la population ont subi une perte de pouvoir d’achat en raison de la hausse généralisée des prix mais pour un tiers des ménages, l’indemnité inflation et le renforcement du chèque énergie ont permis de surcompenser la hausse de leur panier de biens.
Si l'on regarde par déciles, les 10% des ménages les plus modestes sont les seuls à avoir connu une hausse moyenne de leur pouvoir d’achat malgré l’inflation (+0,3%), même si près d’un tiers d’entre eux n'en ont pas profité car ils ont été sous-compensés par les dispositifs de soutien. A l’autre bout de l’échelle, les 10% les plus riches ont vu leur pouvoir d’achat baissé de 0,8% en moyenne, même si 15% d’entre eux ont été surcompensés par les coup de pouce de l’Etat.
A noter que ces résultats ne tiennent pas compte de l'accélération de l'inflation début 2022, ni même des conséquences de la guerre en Ukraine et des dernières mesures annoncées par le gouvernement (remise sur le carburant, revalorisation du barème de l'indemnité kilométrique... ).