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Agriculture: après la canicule, le temps est venu d'évaluer les dégâts dans le Gard et l'Hérault

L'évaluation des dégâts ne fait "que commencer car un épisode si extrême à cette période de l'année se fera sentir sur l'ensemble de la saison".

L'évaluation des dégâts ne fait "que commencer car un épisode si extrême à cette période de l'année se fera sentir sur l'ensemble de la saison". - Jean-François Monier-AFP

Les températures de plus de 40 degrés ont affecté le secteur de la viticulture, mais aussi les producteurs d'abricots, de pommes ou de melons et les éleveurs de volailles. Dans certains cas, c'est 100% de la récolte qui a été perdue.

Vignes comme brûlées au chalumeau, arbres fruitiers et légumes desséchés, exploitations incendiées: une semaine après les températures record enregistrées dans l'Hérault et le Gard, le ministre de l'Agriculture s'est rendu auprès d'exploitants de ces départements encore en train d'évaluer les dégâts. Didier Guillaume a notamment visité à Montfrin et Bouillargues dans le Gard des exploitations sinistrées par des incendies il y a une semaine. Dans ce département, une soixantaine de feux favorisés par des vents extrêmement chauds et la sécheresse des végétaux avaient le 28 juin brûlé plus de 600 hectares.

Ce jour-là, classé rouge pour la canicule dans le Gard, l'Hérault, le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône, les températures avaient atteint un record historique en France: 45,9°C à Gallargues-le-Montueux (Gard). Dès le lendemain, le président de la chambre d'agriculture de l'Hérault Jérôme Despey, lui-même viticulteur, avait parlé à l'AFP de vignes "comme brûlées au chalumeau", soulignant comme nombre de ses collègues vignerons de génération en génération que c'était du "jamais vu".

Plusieurs milliers d'hectares touchés

Selon les premières estimations, un tiers de la surface du département de l'Hérault a été touché par une canicule sévère avec des températures supérieures à 41 degrés et plusieurs milliers d'hectares sont touchés. Si la viticulture est le secteur le plus frappé, des producteurs d'abricots, de pommes ou de melons ont également souffert et deux élevages de volaille héraultais ont été décimés, avec quelque 1.250 animaux morts.

Dans le Gard, les évaluations sont toujours en cours mais selon les premiers recensements transmis à l'AFP par la chambre d'agriculture, une centaine d'exploitations sont concernées sur plus de 1.000 hectares, en majorité dans la viticulture. Les pertes de récolte estimées vont jusqu'à 100%.

Des effets sur l'ensemble de la saison

La canicule a eu "des effets catastrophiques sur les cultures et les élevages", a souligné cette semaine la Confédération paysanne, soulignant que l'évaluation des dégâts ne faisait "que commencer car un épisode si extrême à cette période de l'année se fera sentir sur l'ensemble de la saison".

Au delà des demandes d'indemnisation, certains agriculteurs relèvent que la profession est en première ligne face au réchauffement climatique et appellent à agir sur ses causes.

Pour la Confédération, cet épisode de canicule est "une nouvelle démonstration, s'il en fallait encore, de l'urgence climatique". "La vigne accompagne l'homme depuis plus de 6.000 ans. Si on ne peut plus la cultiver dans le Sud, il faut comprendre que nous ne pourrons plus cultiver autre chose non plus, et la vie de l'homme n'aura plus sa place ici", a témoigné auprès de l'AFP Catherine Bernard, vigneronne à Restinclières (Hérault).

La biodiversité également touchée

"Ce que les vignes disent", écrit Catherine Bernard dans un texte qui a circulé toute la semaine sur les réseaux sociaux "c'est que notre civilisation elle-même est menacée. Les abeilles l'ont aussi dit... Mais nous ne les avons pas entendues".

Les températures sont restées très élevées depuis une semaine dans le Gard et l'Hérault, y compris la nuit, et les niveaux de pollution également, éprouvant durablement les organismes les plus faibles, notamment les personnes âgées. La biodiversité semble également directement impactée par les effets de la canicule. Comme dans d'autres centres spécialisés du Gard et de l'Hérault, à l'hôpital de la faune sauvage de Laroque (Hérault), Catherine Auric bénévole parle d'un "afflux" continu d'oiseaux, mais aussi de hérissons ou d'écureuils ayant subi une brutale "surchauffe".

C.C. avec AFP