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Economie

100.000 emplois menacés, alerte le secteur viticole

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A cause des surtaxes américaines sur le vin européen, les professionnels s'inquiètent du manque à gagner. Dans la filière viticole, c'est notamment la transition écologique qui trinque.

100.000 emplois directs et indirects menacés dans les campagnes. C’est l’alerte lancée par Jean-Marie Barillère, le président du comité national des interprofessions des vins à appellations et indications géographiques (CNIV) au Salon de l’Agriculture. La faute à la chute des exportations de vin vers les Etats-Unis, qui applique depuis octobre des surtaxes de 25% sur cet alcool de moins de quatorze degrés entrant sur son territoire.

Chute spectaculaire des exportations vers les Etat-Unis

En 2019, les ventes de vin à l’international ont bien progressé, mais c’est une hausse en trompe-l’œil qui n’empêche pas le professionnels de voir l’avenir en noir: les exportations de vins français vers les Etats-Unis, leur premier marché étranger, ont en effet chuté de 30% en moyenne, selon Jean-Marie Barillère. Et selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), le maintien des taxes pourrait entraîner une perte de plus de 50% de chiffre d'affaires pour près d'un tiers des entreprises du secteur, avait-elle avancé lors du salon Wine Paris-Vinexpo.

Transition écologique retardée

La filière viticulture française emploie directement ou indirectement 500.000 personnes en France. Parmi elles, sont particulièrement touchées les entreprises viticoles qui doivent assurer la transition écologique. Se convertir au bio nécessite en effet de lourds investissements: il faut replanter des vignes plus résistantes aux maladies et acheter du matériel pour désherber mécaniquement. Afin de permettre à la machine de passer entre les rangs, il faut alors enlever des ceps pour faire de l’espace, ce qui entraine une baisse de rendement, déjà entraînée par l’abandon de produits chimiques…

Tout ceci à cause d'un différend autour...d'Airbus, pointent des viticulteurs. Donald Trump a en effet appliqué des taxes en représailles au traitement préférentiel que l'UE accorderait à l’avionneur français.

Fond de compensation de 300 millions d’euros

La solution: un fonds de compensation, réclamée par la FEVS. Mais l’Union européenne va-t-elle accepter de constituer ce fonds de compensation pour les viticulteurs, qui s’élèverait à 300 millions d’euros? C’est la demande d’Emmanuel Macron, qui espère une mise en place au printemps. Trop tard, pour les professionnels du secteur. "Les metteurs en marché vont acheter leurs vins ailleurs, nous perdons des parts de marché qu'il sera très difficile de retrouver", s’inquiète le président du CNIV.

De toute manière, rien n’est certain pour le fonds de compensation. Les négociations sur le budget européen 2021-2027 s’avèrent compliquées: vendredi soir, les chefs d’Etat se sont quittés sans accord…

Fanny Guyomard avec AFP