La pépite crypto française Exaion vendue par EDF à un fonds américain pour 168 millions de dollars

À l'heure où la France et l'UE martèlent leur volonté de créer des champions européens du numérique, voilà une cession qui ne semble pas aller dans le bon sens. Le groupe américain Mara Holdings va en effet prend le contrôle d’Exaion, la filiale numérique et crypto d’EDF, selon un communiqué publié par les deux groupes lundi 11 août. L'électricien français va céder 64% du capital pour 168 millions de dollars, tout en restant actionnaire minoritaire et client.
En 2020, Exaion est née d’une idée simple: prolonger la vie des supercalculateurs qu’EDF renouvelle tous les trois ans pour gérer ses centrales et prévoir sa production hydroélectrique. Reconfigurées, ces machines servent au calcul 3D pour le cinéma ou le jeu vidéo, à l’intelligence artificielle, ou encore à la sécurisation de transactions blockchain.
Cette puissance de calcul "made in France" a vite séduit des acteurs de premier plan comme la Société Générale. Et la start-up s’est discrètement imposée sur le calcul haute performance et les services blockchain.
Cession à un géant du minage de bitcoins
L'année dernière, Exaion a été enregistrée par l’Autorité des marchés financiers comme prestataire de services sur actifs numériques, un sésame qui lui permet de proposer aux banques et institutionnels un véritable coffre-fort pour cryptoactifs.
Mais son histoire comme pépite française s'arrête là. Exaion va passer dans les mains de Mara Holdings, un groupe américain spécialisé dans l’énergie et les infrastructures numériques, présent dans plusieurs projets de datacenters, et surtout un géant du minage de bitcoins.
Une expertise qui pourrait propulser Exaion à l'international. Mais si l'accord se conclut, sa gouvernance passera sous pavillon américain d’ici la fin de l’année. Un changement qui ravive les interrogations sur la souveraineté numérique française.
Côté EDF, cette vente intervient trois mois après l'entrée en fonction de Bernard Fontana. Le nouveau PDG de l'entreprise est confronté à l'équation financière complexe d'EDF, entre investissements massifs dans le parc nucléaire et pressions pour maintenir les prix de l'électricité compétitifs pour les entreprises tricolores. Avec cette cession lucrative, l'électricien se recentre sur son coeur de métier dans l'Hexagone et s'offre un afflux de trésorerie bienvenue.