"La France, ce n'est pas qu'à Paris": les plans de Binance pour attirer les clients français en 2023

Binance trace sa route en France. En novembre 2021, le géant des cryptomonnaies avait installé son siège social à Montrouge, faisant trembler les acteurs locaux. Il avait un objectif en tête: conquérir le plus grand nombre de Français. Pour y arriver, la société a fini par obtenir l'enregistrement PSAN (pour prestataire de services sur actifs numériques) auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF) en mai 2022. Un graal qui a permi à la société d'imposer sa marque. Comment Binance gère-t-il son installation en France aujourd'hui? "La greffe prend bien", a déclaré mardi David Princay, le patron de Binance France, sur BFM Business. La société, qui recrute en masse contrairement à ses concurrents, a embauché 150 profils cette année pour étoffer ses équipes.
Objectif régions
Cette année, Binance compte se concentrer sur deux domaines en France. D'une part: l'éducation financière, sujet crucial pour conquérir le plus grand nombre. La société commence à tenir des conférences dans des écoles, pour démocratiser l'accès aux cryptomonnaies. Mais l'accent sera surtout mis sur les régions, en se rendant dans 12 régions en 12 mois. Au mois de janvier, Binance a lancé son "tour de France" en se rendant à Lyon. C'était au tour de Strasbourg en février.
"Nous serons dans certaines régions pendant deux à trois jours. Nous organiserons des évènements, des meet-up, des rencontres avec la communauté. Le but c'est d'éduquer au plus près. La France, ce n'est pas qu'à Paris", glisse David Princay.
Par ailleurs, lundi, Binance a lancé l'outil Binance Tax, son calculateur d'impôts sur les cryptomonnaies. La société a choisi la France et le Canada pour tester la fonctionalité, voulant répondre à une "forte demande" de la part des utilisateurs français. Jusqu'à 100.000 transactions réalisées sur la plateforme peuvent être prises en compte.
"Ce sera d'une grande aide pour les utilisateurs", se félicite David Princay. Pour autant, son dispositif ne couvre pas encore tous les types de transactions, à l'instar des NFT. "Si vous allez plus loin dans l'utilisation, il faudra utiliser des outils un peu plus avancés", reconnaît-il.
Ce dernier précise que la taxation sur les plus-values en cryptomonnaies est "toujours trop haute en France" même si le cadre fiscal reste "avantageux". Pour rappel, en France, il n'y a aucune taxation sur les gains sur une année qui sont inférieurs à 305 euros, mais au delà de ce montant, la taxation est soumise (sauf choix du barème progressif de l'impôt sur le revenu) au prélèvement forfaitaire unique (PFU) ("flat tax") de 30%, soit 12,8% d'impôt et 17,2% de prélèvements sociaux.
Contacté par BFM Crypto, Binance n'a pas communiqué sur son nombre de clients en France, préférant donner un chiffre mondial: 128 millions d'utilisateurs.
Une année 2022 perturbée
Malgré les projets de Binance, l'année 2022 a été perturbée. Le géant des cryptos a obtenu son enregistrement PSAN quelques jours avant que l'écosystème crypto ne subisse son premier gros krach de l'année, à la suite de l'effondrement de l'écosystème Terra Luna.
Un évènement qui a instauré un climat de méfiance à l'égard de l'écosystème crypto, avant la chute du géant FTX. "Nous restons leader de notre marché, mais nous sommes dans un milieu qui évolue très vite. Etre leader aujourd'hui ne garantit pas d'être leader dans les prochaines années", considère David Princay. Les volumes qui avaient été retirés de Binance (entre 7 et 15 milliards de dollars en 24 heures) durant la tempête FTX seraient "revenus" sur la plateforme.
"Une crise de confiance peut s'instaurer sur les plateformes d'échanges centralisées, mais c'est en faisant notre travail bien que la confiance s'instaure", souligne David Princay.
En France, Binance ne s'est pas fait que des amis. Le 14 décembre dernier, 15 investisseurs clients de la plateforme ont déposé plainte contre Binance France et la holding Binance Holdings Limited. Ces derniers assurent avoir perdu 2,4 millions d'euros en raison de l'effondrement du stablecoin UST au printemps dernier, qui était proposé à la vente sur la plateforme.
Il est reproché à la bourse d'échanges de cryptos d'avoir violé le monopole des PSAN en "continuant à promouvoir ses activités à destination du service public français" alors qu'elle n'avait toujours pas l'enregistrement obligatoire auprès de l'AMF pour de tels services lorsqu'ils sont à destination de clients français (lorsque Binance fait la démarche d'attirer des clients).