Avec le changement des usages, faut-il couper la TNT en 2030?

Le gouvernement a lancé une consultation nationale afin de définir l'avenir de la TNT au-delà de 2030. Avec le changement des habitudes, la télévision n'a jamais été aussi peu regardée en direct et en hertzien.

Avec l'arrivée des plateformes de SVOD comme Netflix, Disney+ et Max, mais aussi l'essor de Youtube chez les jeunes, les habitudes de consommation de la télévision ont changé. D'ici 2030, une question devra donc être tranchée: faut-il arrêter la TNT?

Par TNT, on ne parle pas des chaînes de télévision mais de la manière dont on les reçoit. La "télévision numérique terrestre", de son vrai nom, est un moyen de réception qui permet la diffusion de plus de 70 chaînes nationales ou locales partout en France et les territoires d'outre-mer. Autrement dit, elle permet de recevoir la télévision par des moyens traditionnels comme une antenne râteau et un tuner TNT (via boîtier ou intégré à la télévision).

Une consultation pour lancée pour l'avenir de la TNT

Au 31 décembre 2030, il faudra donc que le gouvernement abandonne ou renouvelle ce système. Pour ce faire, le ministère de la Culture a lancé une grande consultation publique "relative aux perspectives de diffusion et de distribution des services de télévision en France."

Autrement dit, il s'agit de récolter les avis de tout un chacun au sujet de l'accès à la TNT.

Que ce soit les modèles économiques, les adaptations des offres, tout peut être remis sur la table des négociations afin de dresser un bilan et permettre de concevoir l'avenir.

Dans son dernier observatoire sur l'audiovisuel, l'Arcom - ex-CSA - explique que la grande majorité des téléspectateurs de la TNT ont abandonné le mode de reception traditionnel pour se tourner vers d'autres solutions, dont l'IPTV (49,7%): autrement dit, les foyers regardent désormais la télévision grâce à une box TV ou les applications de chaînes.

L'évolution du mode de réception de la TNT en France en 2024 © Arcom

La même enquête montre que le profil du téléspectateur ne recevant la TNT que via une antenne est plutôt âgé: 75% d'entre eux ont plus de 50 ans. A l'inverse, la jeune génération (25-49 ans) est largement passée à la réception par internet. Dans les villes et villages, où la fibre et l'ADSL ne sont pas complètement présentes, voire absentes, on constate là aussi des disparités.

De même, la TNT "à l'ancienne" est surtout utilisée pour un poste secondaire.

L'évolution du mode de réception de la TNT en France en 2024 © Arcom

Malgré tout, avec le vieillissement de la population, l'échéance 2030 pour la fin d'un mode de réception hertzien ne paraît pas incensé. D'ici-là, la jeune génération d'aujourd'hui aura commencé en partie à remplacer la plus ancienne, et les usages que l'on fait de la télévision auront encore été modifiés.

2024 a été une année exceptionnelle avec les Jeux olympiques très suivis, mais l'évolution du calcul des audiences par Mediametrie montre que les Français ne passent plus systématiquement par les chaînes télé pour regarder la télévision. L'institut qui mesure les audiences en France intègre depuis janvier 2025 celles de Netflix et de Youtube.

En cas de disparition de la TNT, cela ne veut pas pour autant dire que les chaînes de télévision vont disparaître. La multiplication des offres de replay, cumulée aux offres de SVOD comme TF1 avec TF1+, ou M6 avec M6+, ou encore France Télévisions avec France.tv, permettent aux téléspectateurs de les consommer sans la regarder en "linéaire" (en direct). Et d'une certaine manière, les box vont, inéluctablement, remplacer le hertzien dans tous les foyers.

Sylvain Trinel