Pourquoi la loi contre les deepfakes inquiète aux Etats-Unis

Votée à 409 voix pour, contre 2, la loi "Take it Down" ("Retirez-le") est désormais sur le bureau de Donald Trump. Si la majorité des parlementaires américains ont voté en faveur de ce projet, il suscite aujourd'hui de vives inquiétudes sur la manière dont il sera utilisé pour censurer les réseaux sociaux et les plateformes.
Concrètement, il doit permettre de criminaliser la publication d'images intimes non-consensuelles, qu'elles soient réelles ou générées par IA, et donne un délai de 48 heures aux réseaux sociaux après un signalement pour les supprimer.
Un moyen de faire le ménage dans les deepfakes pour ses défenseurs, mais qui a fait l'objet d'une blague assez étonnante de Donald Trump dans son discours au Congrès en début d'année 2025.
Un futur outil de censure étatique?
Le président américain avait confié vouloir utiliser ce projet de loi "pour [lui]", arguant qu'il n'y avait "personne d'autre que [lui]" qui soit plus mal traité en ligne.
Autrement dit, les inquiétudes émanent du fait que le "Take it Down Act" pourrait être utilisé afin de censurer des éléments plus ou moins compromettant pour le président américain. C'est d'autant plus possible que la loi donne les pleins pouvoirs à la Federal Trade Commission (FTC), le gendarme de la concurrence américain, désormais entre les mains d'alliés de Trump.
L'Electronic Frontier Foundation (EFF), qui lutte pour un web plus ouvert, a de son côté averti de la complexité du processus autour des signalements d'images non-consensuelles, notamment pour les plus petites plateformes, tandis que les plus grandes pourront aussi décider de ne pas agir compte tenu de leur poids.
Surtout, les plateformes utilisant des procédés de chiffrement sont aussi concernées par cette nouvelle loi, laissant peser un doute sur la confidentialité des échanges privés. Le principe du chiffrement ne permet normalement pas aux plateformes de pouvoir lire les échanges entre utilisateurs. Cela ouvre-t-il la voie à une porte dérobée? C'est ce que craint l'EFF.
Les responsables politiques ayant choisi de voter contre, eux, y voit "une pente glissante, mûre pour les abus" et craignent des "conséquences imprévues", souligne le républicain Thomas Massie.