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En Albanie, la première ministre générée par IA fait des débuts houleux et "anticonstitutionnels" au parlement

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Quelques jours après sa "nomination", la ministre virtuelle Diella, en charge des Marchés publics albanais, a fait ses grands débuts au parlement, suscitant la colère de l'opposition.

Une ministre virtuelle générée par l'intelligence artificielle (IA) baptisée Diella s'est adressée jeudi 18 septembre 2025 au Parlement réuni pour se prononcer sur le programme du gouvernement du Premier ministre Edi Rama. Officiellement en charge des Marchés publics, elle s'est exprimée sous les huées de l'opposition.

Annoncée en grande pompe début septembre par M. Rama, habitué des coups de communication, cette ministre virtuelle est responsable de toutes les décisions relatives aux appels d'offres des marchés publics.

Les appels d'offres publics seront ainsi "exempts de corruption à 100% et chaque denier public soumis à la procédure d'appel d'offres sera parfaitement transparent", avait alors assuré le Premier ministre. L'Albanie est 80e sur 180 pays au classement sur la corruption de l'ONG Transparency International.

Le maire de Tirana, la capitale, ancien proche de M. Rama, est en détention préventive depuis des mois, soupçonné de corruption, notamment dans l'attribution de marchés publics, et de blanchiment d'argent.

Un pays en mal de transparence

La nomination d'une ministre virtuelle a suscité la colère de l'opposition. "Le but n'est autre que d'attirer l'attention", a fustigé jeudi l'ancien Premier ministre et chef de l'opposition, Sali Berisha, lui-même accusé de corruption.

"Il est impossible de freiner la corruption avec Diella", a-t-il ajouté, "Qui va contrôler Diella? Diella est anticonstitutionnelle et le Parti démocratique va saisir la Cour constitutionnelle".

Diella, qui s'exprimait par vidéo dans un discours dont on ignore qui l'a écrit ou suggéré, a répondu à ces accusations, estimant que la Constitution albanaise "parle de devoirs, de responsabilités, de transparence, sans discrimination". "Je vous l'assure, j'incarne ces valeurs avec autant de rigueur que n'importe quel collègue humain. Peut-être même plus".

Le Premier ministre Edi Rama, qui a interrompu son discours sous les huées de l'opposition, a toutefois vu le programme de son gouvernement adopté, par 82 voix pour. L'opposition a boycotté le vote.

S.T. avec AFP