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Le robot Spot, de Boston Dynamics

Boston Dynamics

Comment les robots de Boston Dynamics ont deserté l'armée pour aider les humains

Financés à l’origine par l’armée américaine, les robots de Boston Dynamics fascinent par leur réalisme... quitte à inquiéter.

Faire un salto, gravir un échafaudage ou danser sur du Rolling Stones: à chaque nouvelle vidéo mise en ligne, les robots de Boston Dynamics impressionnent fascinent. En l'espace d'une quinzaine d'années, l'entreprise américaine a su se faire un nom grâce à des démonstrations millimétrées de son "chien" ou de son "humanoïde" aux déplacements si réalistes. La dernière en date montre Atlas porter des planches ou jeter des sacs sur des échafaudages.

Derrière ces petites pastilles, des jours de travail et de ratés pour obtenir la bonne prise même si la mise en scène ne doit pas masquer l'exploit réalisé par ces machines hors-normes.

Avec une petite astuce en plus: l'humour, pour créer une image positive auprès de la population. Car des robots humanoïdes, les salons professionnels de la défense en sont remplis. Et si beaucoup sont destinés au transport, d’autres sont lourdement armés. Couplé à l’imaginaire laissé par des œuvres de science-fiction, telles que Terminator ou I, Robot, une réelle crainte peut entourer les progrès de la robotique moderne.

Pourtant, c'est bien avec l'armée que tout a commencé pour Boston Dynamics. Créée par le chercheur Marc Raibert en 1992, l’entreprise est approchée quelques années plus tard, et même financée, par l’armée américaine. De ce soutien, naître un premier prototype en 2005: avec le robot Big Dog, l’objectif est alors de porter de l’équipement militaire. Mais un fonctionnement bruyant et une autonomie trop faible poussent à l’abandon du projet en 2015.

Big Dog, le premier robot de Boston Dynamics
Big Dog, le premier robot de Boston Dynamics © Boston Dynamics

Cette même année, Spot voit le jour. Le robot quadrupède reprend la forme de son prédécesseur. Mais cette fois, le "chien" de Boston Dynamics s'impose hors du champ militaire. On le retrouve explorer des galeries sensibles, surveiller les ruines de Pompéi ou même s'infiltrer dans les moindres recoins du métro parisien.

Surtout, Boston Dynamics a réussi à donner une véritable allure de canidé à son robot. Même bousculé, il maintient son équilibre en piétinant comme le ferait un chien. Il ne manque plus que les gémissements.

Entre temps, Boston Dynamics s'est lancé dans la conception de son robot humanoïde Atlas, dévoilé en 2013. Cet as du salto arrière est un vrai exploit technique tant il est difficile de reproduire mécaniquement l'équilibre et le déplacement humain.

Désormais équipé de pinces, Atlas pourraient aider dans les travaux ou n'importe quelle tâche pénible, même si sa démarche si réaliste le rend à la fois symathique et inquiétant.

Le robot bipède Atlas de Boston Dynamics.
Le robot bipède Atlas de Boston Dynamics. © Boston Dynamics

Aujourd’hui, les créations de Boston Dynamics - qui a renoncé à toute application militaire - font partie des plus avancées du marché de la robotique. Pour atteindre ce niveau, l’entreprise développe ses robots d’une manière bien spécifique. Marc Raibert a toujours expliqué son approche comme "une sorte de conception de la machine et des logiciels", détaille Philippe Bidaud, directeur scientifique à l’Onera.

"Ce n’est jamais la conception d’abord et après la commande. Il a toujours conçu ses machines d’un point de vue comportemental", ajoute-t-il.

L'enjeu du dernier kilomètre

En 2020, Hyundai a racheté Boston Dynamics. Le constructeur automobile sud-coréen a déboursé 1,1 milliard de dollars pour compléter sa logique de mobilité et ne plus se contenter de ses voitures, camions ou véhicules utilitaires. Avec le savoir-faire de l’entreprise américaine, il souhaite se renforcer dans le dernier kilomètre, l’un des points clé du transport de marchandise, ou la mobilité des personnes.

"Tous ces éléments nous amènent à penser que la logique de la robotique apporte un complément à ce que l’on sait déjà faire aujourd’hui", indique Lionel French-Keogh, le président de Hyundai Motor France.
La famille des robots de Boston Dynamics s'agrandit et devient de plus en plus performante
La famille des robots de Boston Dynamics s'agrandit et devient de plus en plus performante © Boston Dynamics

Le dirigeant précise également que les logiciels, capteurs et finalement l’intelligence au sein des modèles du fabricant ont fini de convaincre Hyundai de devenir propriétaire de la société.

"A travers ce qu’a développé Boston Dynamics, on a aussi les prémices pour rendre nos outils de mobilité plus intelligents et plus autonomes", précise Lionel French-Keogh.

Reste que Boston Dynamics doit encore améliorer la fiablité de ses robots en dehors de ses vidéos bien calibrées.

Ce mardi 22 février à 22h, BFM Business et Tech&Co proposent le documentaire inédit Boston Dynamics, des robots qui vous veulent du bien? suivi d’un débat sur les avancées et les applications de la robotique. Il sera animé par François Sorel, entouré d’Anthony Morel, journaliste à BFM Business

Pierre Monnier