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Chez votre médecin, l'IA de Doctolib pourra bientôt analyser vos conversations

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Doctolib déploie mi-octobre sa nouvelle intelligence artificielle, capable de récolter les informations pertinentes lors d'une discussion entre un patient et son médecin.

Après plusieurs mois de test auprès de 360 médecins volontaires, l'intelligence artificielle générative s'apprête à débarquer en force. À partir du 15 octobre, tous les médecins généralistes clients de Doctolib pourront activer une IA capable de remplir à leur place le dossier d'un patient. Le but: résumer les informations pertinentes échangées à l'oral, pour que le médecin puisse davantage se concentrer sur l'échange. Le médecin aura naturellement la responsabilité de vérifier la pertinence des informations pré-remplies par l'IA.

Concrètement, le nouvel outil proposé par Doctolib utilisera le micro de l'ordinateur du médecin pour "écouter" et "analyser" la conversation avec le patient. À cette date, seuls les médecins généralistes pourront en profiter, l'IA n'ayant pas encore été suffisamment été entraînée sur des données liées à des consultations de médecins spécialistes, précise Doctolib à Tech&Co.

Le prix de ce nouveau service facturé aux médecins n'est pour l'heure pas connu. Mais pour tenter de les convaincre, Doctolib, qui espère "une adoption la plus large possible", leur offrira le premier mois d'utilisation.

"Je regarde plus les gens"

Interrogé sur le sujet par BFMTV, Gilles Heindrich, médecin généraliste à La Petite-Pierre (Bas-Rhin) et testeur de la fonction depuis plusieurs mois, voit cette technologie comme un moyen d'être "moins devant l'écran" et donc de se focaliser sur le patient.

"On ne va pas plus vite, ce n'est pas le but. Le but est d'augmenter la qualité à la fois de l'échange (...) et aussi celle de l'observation" précise-t-il, après plusieurs semaines d'expérimentation avec sa patientèle.

"Je suis moins devant l'écran, je regarde plus les gens", estime-t-il.

D'autant que l'IA générative proposée par Doctolib va plus loin qu'un simple résumé de consultation. Elle dispose aussi de moyens de trier les données et de les ranger au bon endroit - même si le médecin doit valider le rapport à la main.

Pas de sons enregistrés

Convaincu de poser les premiers jalons pour devenir une "référence de l'IA en Europe," Doctolib cherche aussi à assurer sa rentabilité. Elle devrait enfin le devenir à l'horizon 2025.

Comme le précise Doctolib auprès de Tech&Co, deux mesures sont mises en place pour protéger la vie privée des patients. Tout d'abord, en imposant aux médecins utilisant l'outil de réclamer le consentement avant le début de la discussion. Ensuite, en n'enregistrement pas la conversation: le son est analysé en temps réel pour compléter le dossier médical du patient, mais n'est par la suite pas stocké.

Il y a quelques semaines, Doctolib avait toutefois été pointé du doigt par certains internautes pour l'utilisation des données personnelles de ses utilisateurs pour entraîner son IA. La plateforme avait par ailleurs été victime d'un vol de données en juillet 2020.

Doctolib n'est en tout cas pas la seule à vouloir imposer de l'IA générative sur les consultations. Google expérimente une solution similaire, mais cette fois-ci pour donner un premier diagnostic, sans passer par un médecin.

Sylvain Trinel et Raphaël Grably