Au bord du gouffre financier, Intel annule sa puce IA

Après avoir pris le train en marche sans véritable succès sur l'intelligence artificielle, Intel revoit ses plans. Sa puce IA, nom de code Falcon Shores, ne prendra pas son envol comme prévu. Michelle Johnston Holthaus, co-PDG par intérim de l'entreprise l'a annoncé lors d'une conférence par téléphone avec les investisseurs.
Une annonce qui fait suite aux 13 milliards de dollars de pertes en 2024 annoncées dans la nuit du 30 au 31 janvier 2025, essentiellement dû à son activité de fondeur - Intel conçoit une partie de ses puces sur le sol américain.
Un abandon pour redevenir rentable
L'heure tourne pour cette ancienne gloire du secteur de la tech, qui n'a pas réussi à prendre à temps le virage de l'intelligence artificielle face à Nvidia ou AMD, et qui a surtout fait des choix douteux sur ses produits existants, notamment en matière de finesse de gravure.
"Nous allons simplifier notre feuille de route et concentrer nos ressources," affirme la patronne, tout en prévoyant d'exploiter les puces Falcon Shores en interne sans les mettre sur le marché.
Concrètement, Falcon Shores devait être la réponse d'Intel aux puissantes - mais onéreuses - puces de Nvidia, les H100, qui permettent de faire fonctionner les modèles d'IA générative les plus puissants.
Intel va désormais mettre ses efforts sur Jaguar Shores, qui n'est plus en concurrence avec les H100, mas avec les B100, B200 ou B300 de Nvidia, qui sont moins puissantes, selon les rumeurs de ces derniers mois. L'objectif est de réinstaller Intel dans les centres de données, où l'entreprise réalise le plus gros de ses revenus, avec des solutions moins chères que ses concurrents: "Nous devons être agressifs, nous devons gagner des parts de marché et montrer à nos clients qu'ils peuvent gagner grâce à nous," a expliqué Michelle Johnston Holthaus.
Si l'activité fonderie est toujours dans le rouge vif, Intel voit néanmoins peut-être le bout du tunnel catastrophique dans lequel il s'est engagé depuis une dizaine d'années. Le dernier trimestre montre des pertes globales moins importantes, à 126 millions de dollars, pour un chiffre d'affaires de 14,3 milliards.
Même si Intel s'est séparé par surprise de son ancien PDG, ses nouveaux gestionnaires temporaires ne semblent pas avoir prévu de tout jeter à la poubelle. Les cartes graphiques de milieu et d'entrée de gamme d'Intel ont bonne presse et la volonté de produire en interne plutôt que de passer par le concurrent TSMC semble toujours être dans les esprits. Les prochains mois seront cruciaux.