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Séismes en Turquie: Google reconnaît que son système d'alerte a échoué en 2023

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Le système de détection de tremblements de terre de Google a sous-estimé l'intensité des deux séismes qui ont frappé la Turquie début février 2023.

Plus de deux ans après les faits, Google admet l'échec de son système. Depuis 2020, le géant américain propose un système d'alerte de séismes. Baptisé Android Earquake Alerts (AEA) et fonctionnant uniquement sur les smartphones Android (plus de 70% du parc de téléphones en Turquie), il est capable de détecter les tremblements de terre plus tôt que les personnes sur place et ensuite les avertir.

Il n'est pourtant pas parvenu à alerter correctement la population turque lors des séismes le 6 février 2023, qui ont fait plus de 55.000 morts. Un échec que Google a reconnu auprès de la BBC, après avoir précédemment affirmé que son sytème avait bien fonctionné. Plus précisément, l'AEA était opérationnel ce jour-là, mais il a sous-estimé l'intensité des tremblements de terre.

Un problème lié aux algorithmes de détection

Lors du premier séisme, dix millions de personnes auraient pu gagner des secondes précieuses pour se metre à l'abri, en recevant l'alerte de niveau le plus élevé ("Take Action"), qui est envoyée lorsque les secousses sont susceptibles de menacer la vie humaine. Déclenchant une alarme sonore, elle aurait permis de réveiller les habitants lors du premier séisme, qui est survenu dans la nuit, même avec le mode "Ne pas déranger". Mais seulement 469 notifications de ce type ont été envoyées.

Un demi-million de personnes ont reçu une alerte de niveau inférieur ("Be Aware"), conçue pour les "secousses légères", qui ne prévient pas de façon aussi visible, a indiqué Google à la BBC. Comme l'ont expliqué des chercheurs de l'entreprise dans la revue Science, l'AEA a estimé la secousse du premier séisme entre 4,5 et 4,9 sur l'échelle de magnitude du moment, alors qu'elle s'élevait en réalité à 7,8.

Un problème lié à des "limitations des algorithmes de détection", ont-ils précisé. Après avoir modifié ces derniers et simulé à nouveau ce tremblement de terre, l'AEA a envoyé 10 millions d'alertes "Take Action" aux habitants à risque et 67 millions d'alertes "Be Aware" aux personnes vivant plus loin de l'épicentre.

Selon Google, ce problème n'est pas spécifique à l'AEA. "Tous les systèmes d'alerte précoce aux tremblements de terre sont confrontés au même défi: optimiser les algorithmes pour les événements de grande magnitude", a affirmé la société.

"Nous continuons d'améliorer le système en fonction des informations que nous recueillons à chaque tremblement de terre", a en outre assuré un porte-parole de Google.

Le géant américain a en outre rappelé que son système est censé être complémentaire, soit ne pas remplacer les systèmes nationaux.

Kesso Diallo