Comment Google a fait travailler les internautes gratuitement pendant 800 millions d’heures

6,1 milliards de dollars. Telle est la somme que les internautes auraient fait économiser à Google. Cela, avec reCAPTCHA, le service de tests proposés par Google obligeant à prouver que l’on est bien un humain et non un robot.
Bien connus des internautes, ces tests, souvent obligatoires avant d'accéder à un site web, consistent à identifier une suite de chiffres et de lettres écrites de façon peu lisibles, ou à classer des images dans un tableau, selon ce à quoi elles correspondent. Une source d'irritation régulière.

Ce service a fait perdre des millions d’heures aux internautes qui y sont confrontés, selon une étude récemment publiée et relayée par le site The Register. "En termes de coût, nous estimons qu’au cours des 13 ans de son déploiement, 819 millions d’heures de travail humain ont été consacrées au reCaptcha", indiquent les auteurs de cette étude. Et si les chercheurs évoquent un travail humain, c'est avant tout parce que cet outil est une aubaine pour entraîner gratuitement des outils d'intelligence artificielle.
Un faux sentiment de sécurité
"Si vous pensez que reCaptcha sécurise votre site web, vous avez été trompé. En outre, ce faux sentiment de sécurité s’accompagne d’un coût énorme en termes de temps humain et de vie privée", a déclaré Andreaw Searles, auteur principal de l’étude à The Register.
Selon lui, "le véritable but de reCaptcha est de récolter des données et de la force de travail des sites web". Les chercheurs estiment en effet qu’à travers ces tests, les internautes étiquettent gratuitement des images pour le compte de Google. Des millions d'opérations qui sont en fait utilisées pour parfaire des algorithmes, notamment de reconnaissance d'image.
Les images confiées au discernement des internautes sont bien souvent celles que la machine ne parvient pas à identifier, afin d'améliorer les performances de cette dernière. Impliquant des reCaptcha de plus en plus complexes (et chronophages) pour les internautes.
Aux yeux des chercheurs, Google devrait ainsi subir ce coût du travail, actuellement non rémunéré. "Si un service prétend détecter les robots, il doit le faire, surtout s’il s’agit d’un service payant", a souligné Andrew Searles. Le géant américain vend en effet ce service aux sites web sur sa plateforme de cloud computing, au coût de 8 dollars pour un maximum de 100.000 évaluations.
Pour les chercheurs, Google devrait abandonner son service qui, en plus de faire perdre du temps, est aussi détesté par les internautes et ne détecte pas toujours les robots.
En mars dernier, GPT-4 a par exemple réussi à contourner ce test anti-robot en faisant croire qu’il était une personne souffrant d’une déficience visuelle à un employé qui a alors résolu le captcha à sa place.