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Terminator, Robocop, JCVD, Alien… Pourquoi les héros des années 80 font de bons héros de jeu vidéo

Terminator

Terminator - Copyright 2015 Paramount Pictures

Après "Robocop", "Star Wars" ou encore "Alien", en attendant "Terminator", Indiana Jones signe son arrivée. Un nouveau héros des années 1980 à prendre ses marques sur consoles et PC, une tendance qui fait fureur.

Un coup de fouet, un chapeau relevé et un visage qui apparaît dans la pénombre que tout le monde reconnaît. Les premières images d’Indiana Jones et le Cercle Ancien ont mis en émoi les fans du célèbre archéologue, tant la ressemblance avec Harrison Ford des années 80 était particulièrement réussie.

Un nouveau héros qui atterrit dès le 9 décembre sur consoles et PC (le 6 décembre en accès anticipé) dans un jeu digne d’un film. Il faut dire que la puissance des machines permet désormais de réaliser des œuvres que le cinéma peut envier et de recréer des personnages emblématiques plus vrais que nature, ravivant une pointe de nostalgie dans le cœur des joueurs les plus âgés.

Séduire les quadras avec leurs madeleines de Proust

Si les films des années 80 ont largement profité de l’essor des consoles et des ordinateurs pour proposer des adaptations en jeux vidéo, ceux-ci furent longtemps tributaires de la contrainte technologique de leur époque : des jeux en pixels qui prolongeaient l’aventure pour les esprits les plus ouverts. Aujourd’hui, le boom technique permet de se rapprocher du 7e art, et les studios ont compris que leur cible privilégiée – celle qui peut aussi s’offrir plus facilement des jeux à 70-80 euros – a besoin de madeleine de Proust.

Indiana Jones et le Cercle Ancien
Indiana Jones et le Cercle Ancien © Bethesda

Depuis plusieurs années, on voit ainsi fleurir des jeux qui puisent leur inspiration dans les films et franchises de cette décennie. Avant Indiana Jones, le héros "50% homme, 50% robot, 100% flic" a fait un retour réussi l’an dernier dans Robocop: Rogue City. Star Wars, quant à lui, est un éternel qui multiplie les jeux depuis le début des années 80, jusqu’à Star Wars Outlaws sorti cet été avec sa bonne idée d’histoire originale et une patte graphique qui rappelle le style cinématographique de la première trilogie, celle qui a bercé l’enfance de nombreux joueurs aguerris.

Si le cinéma emprunte de plus en plus au jeu vidéo, ce dernier sait aussi reconnaître au premier du talent dans la création de personnages ou d’univers. En plus de proposer des jeux de tous styles, SOS Fantômes a très largement inspiré Luigi’s Mansion et l’aspirateur à fantômes de Luigi. Alien a eu avec Alien: Isolation un jeu digne de son ambiance oppressante, où le monstre vous poursuit sans relâche et qu’on ne peut jamais tuer, vous obligeant à tout faire pour survivre. Le cinéma d’horreur a aussi ses équivalents vidéoludiques, repris des univers de The Thing ou de Killer Klowns from Outer Space, nanar notoire de l’époque, mais qui ravivera les amateurs du genre avec ses clowns tueurs complètement barrés.

Des héros d'action taillés pour le jeu vidéo

Mais ce sont surtout les héros musclés, stars emblématiques de la décennie, avec notamment l’opposition savamment entretenue entre Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger, qui font le bonheur des joueurs. Terminator reprendra du service l’an prochain avec le plus célèbre cyborg du cinéma en star. Broforce avait trouvé le succès en reprenant tous les Action Heroes de l’époque pour les opposer de manière sarcastique avec des noms revisités, mais très explicites (Rambro, Démolition Bro, Brobocop, Ellen Ripbro, Brommando, etc.).

Fort de ce constat, les créateurs aiment aussi faire quelques clins d’œil à des figures emblématiques. Ainsi, le jeu Hitman va s’offrir une extension autour de Jean-Claude Van Damme. Nicolas Cage a été modélisé pour Dead by Daylight avec ses traits actuels, mais en hommage à ses personnages d’antan. De quoi lui offrir un regain d’attrait pour son apparition dans le monde du jeu vidéo. Et que dire du jeu Crime Boss: Rockay City, qui avait compris l’attrait pour les années 80-90 avec sa brochette de personnages ayant les traits d’acteurs et d’actrices célèbres, mais avec leur visage d’antan (Chuck Norris, Kim Basinger, Michael Madsen, Danny Glover…). Un fiasco total, mais une idée qui a fait sourire ceux qui ont connu cette époque.

Comment expliquer ce regain d’intérêt pour la décennie et ses éléments phares de la pop culture et du cinéma de l’époque (Goldorak a aussi fait son retour en jeu)? Par une nostalgie et une insouciance qui font recette auprès des joueurs, notamment les quadragénaires dont ces héros firent les douces heures de l’enfance et les premiers souvenirs culturels. Une époque aussi où les choses semblaient plus faciles dans le divertissement, où les sujets abordés à l’époque n’étaient pas aussi sombres que les problématiques actuelles (crise, environnement, climat, société…). Tout semblait facile et les joueurs veulent aussi retrouver cette ambiance.

Et les enfants d’alors sont aussi devenus les parents d’aujourd’hui, heureux de partager avec leur progéniture ce qui a forgé leur culture cinématographique avec un médium qui permet de transmettre plus facilement: le jeu vidéo. Alors les héros et les références se multiplient. Si les franchises comme Star Wars sont intemporelles car elles ont su se créer de manière transgénérationnelle et parler ainsi à tous les âges, d’autres vont sans doute connaître un retour en grâce. Retour vers le futur mériterait un jeu moderne - même si l’œuvre de Telltale était excellente.

Alien Isolation
Alien Isolation © SEGA

Que dire de John McClane (Piège de Cristal) qui semble taillé pour être un héros de jeu vidéo? Sa saga a suffisamment inspiré les jeux d’infiltration et d’action pour qu’il ait droit à sa propre histoire de qualité, comme Indiana Jones aujourd’hui, père spirituel de Lara Croft (Tomb Raider) et Nathan Drake (Uncharted). Tout comme les jeux d’horreur (The Thing, Halloween, Vendredi 13, la Nuit des Morts vivants ou encore Les Griffes de la nuit) ont donné naissance à un vrai genre de jeu vidéo d’horreur. Qu’ils fassent vite pour se rappeler au bon souvenir des joueurs! Les années 90 frappent déjà à la porte du jeu vidéo.

Melinda Davan-Soulas