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Roaming: la promesse d'une connexion mobile partout en Europe et comme à la maison est belle, mais la réalité pas à la hauteur

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Désormais disponible sans surcoût, le roaming en Europe est certes accessible à tous, mais il n'est pas souvent pas à la hauteur en matière de qualité, comme le constate une étude commandée par Bruxelles.

La fin des tarifs d'itinérances au sein de l'Union européenne a été une petite révolution. Désormais, un abonné mobile européen peut avoir accès à une connexion mobile sur son smartphone sans aucun frais où qu'il se trouve sur le Vieux continent.

Mais si l'Europe exige qu'un utilisateur dispose d'une connexion similaire (en 4G ou 5G) dans un pays étranger comme s'il était dans son pays d'origine, cela ne veut pas dire que l'expérience soit satisfaisante. C'est en tout cas ce que révèle une étude commandée par la Commission européenne et dirigée par Mozark (avec son application 5GMark).

Celle-ci démontre que dans 80% des cas, la vitesse de téléchargement lorsque vous utilisez le roaming européen est bien plus lente que si vous étiez un abonné de l'opérateur par lequel vous utilisez le réseau. A cela s'ajoutent une vitesse de chargement plus lente de 68% et une latence bien plus élevées dans 90% des cas.

Problème: lorsque la mesure a été mise en place, l'Union européenne promettait un usage "comme à la maison", ce qui n'est définitivement pas le cas.

La complexité du roaming en cause...

Interrogé par la Tribune, Jérôme Hardouin, directeur technique roaming chez Orange, explique que cela est lié à la complexité du système: "Imaginons que vous arriviez en Pologne. Votre téléphone va accrocher le réseau radio visité mais, ensuite, il va y avoir un mécanisme d'authentification auprès de votre opérateur en France pour savoir si vous avez bien le droit de vous présenter sur ce réseau, vérifier si vous êtes éligible au roaming et le contenu de votre offre."

Le temps que tout cela se fasse, il peut se passer une dizaine de minutes après avoir passé une frontière pour que vous retrouviez une connexion, constate l'étude de Mozark.

Un délai d'autant plus long qu'il dépend également du type d'antenne. Afin d'éviter qu'un opérateur ne déborde trop sur un pays où il n'est pas présent, des antennes spécifiques sont déployées.

Pour la data, Orange explique aussi que le roaming consiste avant tout au réacheminement des données réalisées vers l'opérateur d'origine. Un défi technique qui demande donc du temps, ce qui ralentit de fait votre connexion.

... mais aussi des accords commerciaux

Si les opérateurs se défendent comme ils peuvent, les raisons de ces problèmes ne sont pas toutes techniques. L'étude explique aussi que les accords commerciaux sont en cause, notamment avec des opérateurs locaux préférant prioriser un utilisateur vivant dans le pays plutôt qu'un touriste.

Un constat étonnant qui est contraire aux règles européennes, alors que la dernière mise à jour de 2022 spécifie la nécessité d'un "même niveau de qualité à l'étranger", mais uniquement "lorsque cela est techniquement réalisable".

Face à cette contradiction, la Commission européenne préfère plutôt renvoyer vers les régulateurs de chaque pays, qui peuvent ensuite opter pour un ajustement de la réglementation. L'Arcep, qui est compétente sur ce sujet en France, explique être relativement démunie face à un manque de critères au sein du règlement sur le roaming.

Sylvain Trinel