Tech&Co
Réseaux sociaux

Cerfia, le compte alternatif d'actualités racheté par le milliardaire conservateur Pierre-Édouard Stérin

placeholder video
Avec 1,2 million d'abonnés sur X, ce média est désormais dans l'escarcelle de celui qui aime à se décrire comme un "libéral conservateur". Un nouvel actif après ses participations dans Neo, L'Incorrect ou Le Crayon pour poursuivre sa stratégie d'influence et promouvoir son grand objectif, l'union des droites.

L'annonce a fait l'effet d'une bombe. Lundi 16 juin 2025, Blast a révélé le rachat par le milliardaire conservateur Pierre-Édouard Stérin du média d'actualités alternatif Cerfia. Il compte plus de 1,2 million d'abonnés sur le réseau social détenu par Elon Musk, mais également 214.000 sur Instagram.

Cerfia qui veut que l'actualité soit "à portée de main", a été plusieurs fois mis en cause pour avoir diffusé des informations non confirmées, voire fausses, comme le révélait 20 Minutes en 2023.

Son rachat par Pierre-Édouard Stérin, fondateur de Smartbox, vient néanmoins confirmer la volonté d'une personnalité contestée, qui se revendique de la droite conservatrice. En février 2025, L'Humanité avait révélé le projet "Périclès", qui entend faire basculer 1.000 mairies aux mains de l'extrême droite lors des élections municipales de 2026, mais qui s'est aussi doté d'un fond afin de transformer la sphère médiatique.

Des investissements ont été réalisés auprès de médias qualifiés de réactionnaires comme l'Incorrect, mais l'homme fort de la droite chrétienne est également derrière des chaînes Youtube à succès, comme Neo et le Crayon, qui traite essentiellement de thématiques identitaires.

Selon le média Blast, Cerfia a été récupéré par le milliardaire via un truchement de plusieurs entreprises cherchant à camoufler le rachat. Il apparaît que Cerfia est désormais une marque déposée par DM News, détenue par Médiane, dont la propriété fut celle d'Otium Capital jusqu'à 2024, société d'investissements dont Pierre- Édouard Stérin est l'un des fondateurs, avant de revenir dans les mains d'Adrien Aversa, fondateur de Marmeladz.

Contactée par Tech&Co, Otium Capital réfute néanmoins tout rachat ou investissement en son nom, mais précise néanmoins ne pas savoir si, à titre personnel, Pierre- Édouard Stérin aurait été actif dans une transaction de ce type.

Des comptes d'actualités alternatifs qui font recettes

Début 2022, des échos communs s'étaient fait entendre pour un autre compte, Mediavenir, qui avait un temps été dans le giron de MarmeladZ (autre société possédée par Pierre-Édouard Stérin), avant que son fondateur, Yazid Bouziar, ne finisse par récupérer l'ensemble des actifs en janvier 2024, n'ayant plus aucun lien avec le milliardaire, aux côtés d'un autre associé, Jean-Baptiste Devic. Le compte X de Mediavenir, ainsi que le site internet, sont désormais édités par JBYB.

Aux côtés d'AlertesInfos, Cerfia est devenu incontournable sur les réseaux sociaux, jusqu'à être parfois republié par des comptes de personnalités influentes. Leurs principales sources de revenus proviennent essentiellement de la monétisation sur X, ainsi que les liens partenaires qu'ils peuvent parfois publier aux côtés d'autres publications liées à l'actualité.

Pour tenter de faire taire les critiques, Cerfia avait indiqué ajouter la source de ses publications "sous le tweet principal" et "encourager fortement à lire ces articles pour une compréhension plus complète du sujet". Selon des informations récoltées par Tech&Co, le compte X réalise chaque mois plus de 10 millions de vues, lui assurant de confortables revenus, et une énorme visibilité. Notons que Cerfia ne s'est pas exprimé au sujet de ce rachat, mais que des mouvements appelant au boycott du compte ont commencé à se faire entendre sur les réseaux sociaux.

En mai 2025, la commission d'enquête sur l'organisation des élections en France a tenté à plusieurs reprises d'auditionner Pierre-Édouard Stérin, dans le but de le questionner sur le projet Périclès. L'homme d'affaires et entrepreneurs, qui n'habite pas en France, ne s'est jamais présenté, arguant que sa sécurité n'y était pas assurée.

Sylvain Trinel