+192% en un an: les tentatives de "sextorsions" chez les mineurs explosent sur les réseaux sociaux

En l'espace de six mois, ce sont plus de 9.600 cas d'adultes manipulant des enfants qui ont été signalés par les différents réseaux sociaux. Il s'y partage aussi un document glorifiant les actes sexuels sur mineurs.

Une véritable explosion qui inquiète. Entre janvier et juin 2024, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont vu le nombre de "sextorsion" augmenter gravement notamment envers les mineurs. Selon le FBI et la National Crime Agency, les chiffres sont alarmants.

De l'autre côté de la Manche, entre janvier et juin 2024, 9.600 cas d'adultes manipulant des enfants en ligne ont été recensés, soit environ 400 par semaine, révèle le Guardian.

546.000 signalements en 2024 aux Etats-Unis

Le phénomène est encore plus important aux Etats-Unis, où plus de 546.000 signalements ont été recensés par le National Center for Missing and Exploited Children (NCEMC), soit une augmentation de 192% par rapport à 2023. Ces données sont disponibles grâce aux rapports de transparence que mettent en ligne les plateformes chaque année.

C'est sur Snapchat que se cristallisent le plus ces signalements, mais le problème est également présent sur Instagram et Tiktok. Le NCEMC démontre que sur Snapchat, ce sont 20.000 éléments matériels préoccupants qui ont été signalés, avec notamment des images d'abus sexuels sur des enfants et des "sextorsions", c'est-à-dire quand un adulte fait chanter un enfant dans le but de recevoir des photos ou des vidéos intimes de sa part. Une tendance qui peut avoir des conséquences dramatiques : depuis 2021, plusieurs dizaines d'adolescents se sont suicidés après en avoir été victimes, précise l'organisme.

Le chiffrement des réseaux sociaux en question

L'association de protection des enfants anglaises, la NSPCC, a de son côté critiqué les techniques de chiffrements de certaines plateformes, empêchant de facilement identifier les adultes derrière ces trafics, mais aussi la détection de contenus pédopornographiques. Snapchat est l'un des rares réseau social a ne pas avoir de chiffrement de bout en bout, ce qui explique sans doute pourquoi il est numéro 1 des signalements de ce type.

Le Guardian révèle par ailleurs avoir eu accès à un document d'une centaine de pages contenant des instructions pour "mieux exploiter les jeunes utilisateurs". Pour cela, il délivre des conseils sur le modèle de téléphone à acheter, ses techniques de chiffrement mais aussi des "personnages" à incarner.

Il permet aussi de "transformer les victimes en esclaves des temps modernes", se sentant "obligés" de dévoiler leur intimité. L'auteur de ce document serait Baron Martin, un homme de 20 ans arrêté par le FBI en décembre 2024. Selon le ministère américain de la Justice, il serait "le catalyseur de milliers d'extorsions". Des chercheurs ont par ailleurs démontré que ce document était partagé dans des communautés d'hommes où les propos sadiques, sexualisés et misogynes, sont nombreux. A l'instar des Incels, ces hommes ayant la haine des femmes, ils participent à des boucles Telegram ou Whatsapp afin de s'auto-motiver à commettre des crimes sur des enfants.

Haine des femmes, violence, projets d'attentats: la dérive terroriste des "incels"

16:50

Afin d'endiguer le phénomène, les autorités cherchent à améliorer la collaboration entre les associations et la police, notamment pour mieux sensibiliser les plus jeunes, les parents ou le personnel éducatif.

Sylvain Trinel