Sur leur mail personnel, des agents du service public reçoivent une vidéo de leur ministre vantant la réforme des retraites

Des agents du service public, et notamment de la Direction générale des Finances publiques (DGFIP) ont reçu un message vidéo de Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques, pour faire la promotion de la réforme des retraites décidée par le gouvernement.
Problème, si tous l’ont reçu sur leur email professionnel la semaine dernière, d’autres l’ont aussi reçu sur leur email personnel ce 26 janvier, ce qui n’a pas manqué de provoquer la colère d’agents opposés à cette réforme. Sur Twitter, certains ont d’ailleurs prévenus qu’ils porteraient plainte auprès de la CNIL, le gendarme français des données personnelles.
"Il y a deux problèmes à mes yeux, que la finalité soit détournée avec un message à caractère politique et que l'on comprenne mal qui est à l'origine du message” s’agace auprès de Tech&Co David Libeau, développeur dans la Fonction publique, qui lui-même reçu ce message.
Effectivement, si c'est bien l'adresse de la DGFIP qui est à l'origine du mail, dans ce cas, l'intitulé et la signature de ce dernier évoquent directement le ministère dirigé par Stanislas Guerini.
Le ministère se défend
Contacté par Tech&Co, le ministère se défend catégoriquement de toute action illégale et contraire au règlement général sur la protection des données (RGPD). "Les agents peuvent transmettre leur adresse professionnelle ou personnelle à la DGFIP pour recevoir des informations sur les pensions ou la rémunération, comme cela est décrit dans les conditions d’utilisation des données" assure-t-on dans l'entouage du ministre. "Par ailleurs, en aucun cas la DGFIP a transmis son fichiers de contacts au ministère."
Le ministère précise que ces messages envoyés aux emails personnels ne sont pas une nouveauté puisque, Amélie de Montchalin - la prédécesseur de Stanislas Guerini entre mai 2020 et juillet 2022 - avait déjà utilisé cette méthode. A la différence qu’elle était en responsabilité pendant la pandémie où la continuité du service public devait être assurée.
Message trop politique?
"La réponse du ministère est un peu hasardeuse" juge de son côté l'avocat en droit du numérique Alexandre Archambault, interrogé par Tech&Co. "Ce n’est pas parce qu’on consent à transmettre ses données que cela vaut consentement pour tout et n’importe quoi."
"Si c’était vraiment sur des modalités opérationnelles ou pour assurer la continuité du service public, cela pourrait s’entendre mais là, on est plutôt sur un sujet de nature politique et qui n’est pas porté par la DGFIP" estime l’avocat. Et cela vaut d'ailleurs pour les emails personnels comme pour les emails professionnels.