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Gilet de sauvetage, fusil de chasse, odeur de pizza... Les pires histoires des AG de copropriété

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Alors que s'achève la période des assemblées générales de copropriété, BFM Immo vous raconte quelques anecdotes croustillantes survenues entre voisins lors de ces réunions parfois explosives.

C'est un moment unique, pendant lequel tout (ou presque) peut arriver. C'est le grand soir des accros au règlement, des casse-pieds, des radins... Un huis clos qui révèle parfois la pire facette de votre personnalité. On y va en traînant des pieds, parce qu'on sait qu'on va y passer deux heures après le boulot.

Mais après tout, deux heures ce n'est pas tant. C'est peut-être ce que se disaient ces copropriétaires en arrivant à l'assemblée générale de leur immeuble parisien. En réalité, ils y sont restés plus de 7 heures.

Et ne pensez pas sortir faire une pause. "On a tout fait d'une seule traite, seulement avec des arrêts pipi", raconte Christophe Buey, le président du conseil syndical à BFM Immo. Personne n'est parti avant que les 88 résolutions ne soit votées.

Heureusement, tous se sont quittés bons amis. Ce n'est pas le cas à chaque fois. À Lyon, l'assemblée générale d'un immeuble se réunissait pour voter des travaux sur la toiture. Un copropriétaire, en désaccord, s'énerve: il dit qu'il ne peut pas payer.

"Il manifeste violemment son opposition, proférant même en public des menaces de mort", raconte un témoin de la scène. Si seulement il s'en était tenu à ça. "Il s’est autorisé à se présenter à la première réunion de chantier armé d’un fusil de chasse, sans toutefois mettre à exécution ses propos", raconte le témoin dans un récit publié sur le site copropriétés histoires inédites, qui organise chaque année un concours des meilleures anecdotes vécues en copro.

Celui qui se prenait pour Cyrano

Heureusement, les cas de violence restent rares, et certains préfèrent utiliser l'humour pour exprimer leur mécontentement. Ainsi un gestionnaire de copropriété d'une ville de bord de mer se rappelle l'entrée, pour le moins remarquée, d'un participant lors d'une AG annuelle.

L'homme, corpulent, est arrivé avec "un gilet de sauvetage format haute-mer, bien gonflé par une cartouche de CO2, d’un orange vif de chez vif", se souvient-il.

Ainsi vêtu, le copropriétaire salue le patron du syndic, signe la feuille de présence, et va s'asseoir, le torse bombé dans son gilet. Alors qu'"une bonne dizaine de paires d’yeux sont rivées sur lui", il déclare: “Puisque le syndic me mène en bateau depuis mon arrivée, je me suis équipé en conséquence!”

Pour peu que les participants aient un peu de répartie, l'AG peut devenir très amusante. C'était le cas dans cet immeuble parisien. Alors qu'un voisin se plaint des odeurs dégagées par le restaurant situé au rez-de-chaussée, un autre s'étonne de sa remarque: l'odeur ne le dérange pas (et il a noué une amitié avec le gérant).

Le premier répond par une attaque personnelle sur "sa capacité nasale qui ne semble pas conforme à la proéminence de son appendice (son nez)", selon le récit de Christophe, également publié sur le site copropriétés histoires inédites.

C'est alors que le copropriétaire, qui s'avère être également sociétaire à la Comédie française, se lance dans la célèbre tirade du nez, de la pièce Cyrano de Bergerac: "Ah! non! c’est un peu court, jeune homme! On pouvait dire… Oh! Dieu! … bien des choses en somme… En variant le ton, par exemple, tenez. (...) Descriptif: 'C’est un roc! … c’est un pic! … c’est un cap! Que dis-je, c’est un cap? … C’est une péninsule!'"

Il finit en lui disant: "Mais, cher Monsieur, souffrez que lors de votre acquisition qui embruma toute la copropriété, vous saviez que cet honnête homme exploitait, déjà, son commerce." Christophe, hilare, "avait sorti le pop-corn".

Le chien en dépression

Si certaines AG tournent au spectacle, d'autres se finissent plus mal. Au point de mettre en péril les relations de voisinage. Caroline s'entendait très bien avec ses voisins, jusqu'à ce que leur chien, agressif, commence à poser problème. "Il allait presque jusqu'à attaquer les enfants de l'immeuble, c'était vraiment dangereux", raconte-t-elle à BFM Immo.

Lorsque le sujet est abordé en AG, la maîtresse du chien s'énerve, expliquant que son animal est malade. "Elle disait qu’on faisait ça juste pour l'emmerder", témoigne Caroline.

"Elle avait les larmes aux yeux, elle nous a carrément brandi le certificat médical du chien attestant qu’il était en dépression, là on s'est dit que ça prenait des proportions..."

Sans aller jusque-là, certains propriétaires laissent leur voisin perplexe. Juste avant leur AG, un nouvel arrivant dans la copro demande à la doyenne de l'immeuble ses intentions de vote concernant le diagnostic technique global. À sa grande surprise, elle lui répond qu'elle suivra simplement la majorité des voix.

"Je l'ai observée durant toute la réunion et elle a effectivement suivi la majorité pour toutes les résolutions... Étrange stratégie quand même", s'exclame-t-il auprès de BFM Immo.

Une vengeance longue de 30 ans

Dans certains cas, les rancunes persistent pendant des années. Lorsque Michel se rend à sa première AG, il ne s'attend pas à être témoin de ce coup bas. Il y a un peu moins de 30 ans, une locataire (ayant systématiquement le pouvoir de son bailleur), avait envoyé un courrier pour réclamer la propriété d'un petit espace vert entre deux maisons. Sachant qu'au bout de 30 ans sans obtenir de réponse, le terrain lui reviendrait de droit. Elle a donc patienté, d'année en année, espérant sûrement que le syndic avait oublié sa demande.

En réalité, l'association syndicale "ayant trouvé cette demande totalement incongrue, a précieusement conservé son courrier", sans rien dire. "Les présidents successifs se sont passés la consigne pour ne donner une réponse négative que quelques jours avant la date de la prescription trentenaire", raconte Christophe, sidéré.

"Résultat des courses, cette personne a vu son plan tomber à l’eau, après quasiment 30 ans d’attente."

Mais les copropriétaires ainsi réunis ne sont pas toujours obligés de s'écharper. Edouard se souvient avec émotion de cette AG au cours de laquelle tous les participants ont défendu leur voisine de 70 ans. Une pizzeria s'était installée juste sous sa fenêtre, dans le 11ème arrondissement de Paris.

"Elle avait les odeurs de pizza du matin au soir, c'est une dame qui est souvent chez elle, ça l'embêtait beaucoup, elle n'était pas heureuse", raconte le jeune homme à BFM Immo.

"Quand elle a expliqué ça à l'AG, elle était au bord des larmes. Tout le monde a pris son parti, même les propriétaires des autres bâtiments, il y a eu une solidarité très forte", conclut-il. Comme quoi, toutes les histoires de copro ne finissent pas mal.

Marine Cardot