En copropriété, individualiser les frais de chauffage fait chuter la consommation d'énergie

Limiter le chauffage. Cela va être le mot d'ordre de tout l'hiver. Le plan de sobriété énergétique a été dévoilé par le gouvernement la semaine dernière avec notamment une mesure qui concerne les particuliers. Ils sont incités à limiter le chauffage à 19° dans les logements. Les habitants sont encouragés à acheter des thermostats programmables, avec une aide allant jusqu'à 65 euros.
Mais dans les immeubles, certains habitants n'ont pas leur mot à dire. En effet, la Fédération des services énergie environnement précise que plus de 4,5 millions logements, soit 45% des logements en copropriété, ont un chauffage collectif. Certes, depuis 2015 et la loi de transition énergétique pour la croissance verte, l'individualisation des frais de chauffagen (IFC) et de refroidissement est obligatoire. Néanmoins beaucoup de copropriétés ne la respectent pas.
L'installation de ce dispositif est conditionné au fait qu'elle ne soit pas trop complexe et que le coût ne soit pas excessif. Il existe donc de nombreuses dérogations détaillées dans la réglementation. A savoir "lorsqu’il est techniquement impossible d’installer des compteurs individuels ou, le cas échéant, des répartiteurs de frais de chauffage", "lorsqu’il est techniquement impossible pour l’occupant de moduler la quantité de chaleur ou de froid fournie par l’équipement collectif", "lorsque la consommation en chauffage ou en refroidissement de l’immeuble est inférieure au seuil de 80 kWh/m²/an", ou encore "lorsque la mise en place de compteurs individuels ou, le cas échéant, de répartiteurs de chauffage présente un coût excessif par rapport aux économies d’énergie susceptibles d’être réalisées".
De plus, aujourd'hui, le gouvernement ne contrôle pas les syndics à qui incombe l'installation de ce dispositif. "C'est en cours d'élaboration", souligne le ministère chargé du Logement.
17% d'économies d'énergie en moyenne
Pourtant, mettre en place des compteurs individuels permettrait, selon une étude publiée en 2019 de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), des réductions significatives de consommation d'énergie. "L’étude statistique réalisée sur plus de 4000 logements sur 132 sites a montré que les évolutions de consommations d’énergie avant / après la pose d’IFC se situent en moyenne autour de -17% (-15% en médiane)", souligne ainsi l'Ademe. A noter que l'étude en question porte uniquement sur l'installation de répartiteurs de frais de chauffage (RFC), qui sont des appareils qui calculent la répartition des frais en fonction de la consommation estimée (mais pas mesurée physiquement).
Par ailleurs, les syndics qui ne respectent pas cette obligation risquent 1500 euros d'amende par an et par logement.
Ista, spécialiste du comptage individuel d’eau et de chauffage dans l’habitat collectif, avec plus de 3 millions de logements équipés en France, précise que "une fois que le compteur est installé, les habitants doivent aussi être responsabilisés sur le volet des éco-gestes. Parmi les astuces concrètes préconisées par Ista auprès des occupants: réduire d'un degré la température. Dans les 12 millions de logements chauffés au gaz, si on limite à 16 degrés la température lorsqu'on est absent, (cela permet une) réduction de la consommation de gaz de 10% selon l’Ademe. Une multitude d’écogestes permettent également de diminuer sa consommation (purger les radiateurs ; ne pas aérer plus de 10 minutes ; fermer les volets durant la nuit…)".