Impôts: les cartes Pokémon ne sont toujours pas considérées comme des biens de collection

Des simples cartes pour enfants devenues des objets de valeur à part entière. Si les collectionneurs de cartes Pokémon ont toujours existé depuis leur création dans les années 90, le marché a explosé ces dernières années. Certains y voient désormais un nouveau mode d'investissement. L'exemplaire le plus cher au monde, un "Pikachu illustrator", a été vendu pour 4.477.146 euros.
Selon un sondage réalisé par EBay, près de 8% des Français collectionneraient des cartes à jouer (Pokémon, Yu-Gi-Ho...). Pour autant, ces cartes de jeu ne sont pas considérées comme des objets de collection au regard du Code des impôts, malgré une mise à jour du Bofip en mars dernier. Comment expliquer alors une telle différence alors que leur usage se rapproche de celui des cartes postales ou timbres?
"L'administration ne fait qu'appliquer le texte européen, qui définit clairement une liste d'objets de collection, dont les cartes de jeu ne font pas partie", signale Thomas Le Boucher, avocat associé au cabinet Cyplom auprès des Echos.
En clair, les cartes Pokémon sont considérées comme des biens de consommation, "sauf s'il s'agit d'une carte historique, l'une des premières produite par exemple", indique Cyplom. Alors qu'une taxe totale de 6,5% (hormis les métaux rares) est appliquée sur le prix de vente des biens de collection au-delà de 5.000 euros, la règle générale s'applique en matière fiscale dans le cas de ces cartes de jeu.
Là aussi, aucune déclaration fiscale n'est exigée pour les transactions inférieures à 5.000 euros. Lorsque la vente dépasse ce montant, le vendeur est soumis à un impôt sur le revenu forfaitaire de 19% en plus des prélèvements sociaux de 17,2%, totalisant ainsi une charge fiscale globale de 36,2%. Cette taxe est calculée uniquement sur la plus-value réalisée. A première vue, cette règle générale est en défaveur du collectionneur/vendeur pour toute transaction dépassant 6.000 euros.
"Cette doctrine va pénaliser les collectionneurs. L'objectif est peut-être aussi de freiner la spéculation", observe Thomas Le Boucher. Selon le comparateur de prix Idealo, la demande a été multipliée par 8 entre juin 2020 et mai 2021. Les prix ont augmenté de 24% sur la même période.
Pour autant, ce mode d'imposition présente d'autres avantages. Il est sujet à un système d'abattement progressif : à partir de la 6e année de détention, un abattement annuel de 6% est prévu, offrant une exonération complète au bout de 22 ans. Cependant, il est important de souligner que ce régime nécessite une justification de la date et du prix d'acquisition.