"On fait des nuits blanches": leur chantier à l'arrêt après la faillite du constructeur de leur maison

Elise Chaillie devait emménager en janvier dans cette maison qu'elle fait construire à Crozon, mais son chantier est à l'arrêt. - Elise Chaillie
Tout allait bien, jusqu'à ce qu'Élise ouvre le journal. La jeune femme, qui fait construire une maison à Crozon, y apprend la faillite de l'entreprise finistérienne Kervran, en charge de sa maison. "Au début, je n'ai pas vraiment réalisé ce qu'il se passait", se souvient Elise Chaillie.
Aujourd'hui, sa maison se résume plutôt à quatre murs et un demi-toit. Le chantier est à l'arrêt, et difficile de savoir quand il pourra reprendre. Ils sont plus d'une centaine dans ce cas, après l'annonce de la liquidation judiciaire de l'entreprise le 23 juillet par le tribunal de commerce de Brest.
"Je vais devoir payer mon loyer et commencer à rembourser mon prêt seule pendant beaucoup plus de temps", s'inquiète l'enseignante.
À 25 ans, elle n'a pas un budget extensible et le surcoût pourrait aller jusqu'à 5% de la somme déboursée pour la petite maison. "Je passe mes journées à passer des coups de fils pour avoir des informations, de l’aide, je me sens un peu dépassée par la situation", confie-t-elle.

Un "coup de massue"
Le stress est aussi au niveau maximum pour Élodie Prévost. La jeune maman s'est lancée avec son conjoint dans un projet de construction il y a trois ans. "C'était déjà très éprouvant, on a eu tous les aléas possibles, il fallait être sur le chantier tout le temps. Et là, le coup de massue est arrivé", témoigne-t-elle.
"Je n'ai pas les mots. On fait des nuits blanches, on pleure. On se dit qu'on ne va jamais l'avoir cette maison, c'est interminable", confie Elodie Prévost.
En mai 2025, elle devra commencer à rembourser son prêt à la banque. Si sa maison n'est pas finie d'ici là, il faudra y ajouter le loyer, pour un total de 2.000 euros par mois. "Ça sera impossible d'assumer les deux. On a appelé la banque et on ne pourra pas décaler le remboursement du crédit."
On commence à regarder pour louer un mobil-home, ou revenir chez mes parents mais à 31 ans, ce n'est pas facile", reconnaît-t-elle.
Pourtant, la maison est bientôt finie. Il ne manque que l’électricité, la plomberie, le carrelage et les finitions. L'objectif de la famille est de la récupérer et de la finir au plus vite en faisant appel à des artisans. "Mais si la procédure dure trop longtemps, il y a des chances qu'elle moisisse pendant l’hiver", craint Élodie Prévost.
"Terrain invendable"
Et encore, la jeune femme s'estime chanceuse. Elle assure que le conducteur de travaux lui avait donné le feu vert pour déposer son préavis en juillet. "Heureusement qu'on ne l'a pas écouté, sinon nous étions à la rue en septembre avec notre fille de deux ans et tous nos meubles", s'exclame-t-elle.
Ils sont des centaines dans ce cas à s'être rassemblés dans un groupe Facebook d'entraide. Ils s'y partagent des conseils et témoignent de leur situation. Certains ont à peine poser les fondations et quelques pierres.
Sur le groupe, Benjamin se dit "complétement dégouté". Il a posté une photo de son chantier: seuls les murs de moins d'un mètre ont commencé à pousser. "Terrain invendable dans l'état et projet qui n'est pas sûr de pouvoir aboutir", soupire-t-il.
Tous semblent démunis et attendent de savoir si leur chantier pourra reprendre et quand. "Si on avait su, on ne se serait pas lancé dans ce projet", conclut Élodie Prévost.