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Construction

Après la faillite du constructeur de sa maison, elle se retrouve avec une dalle en béton et 225.000 euros en moins

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Une cliente du constructeur de maison Woodz, placé en liquidation judiciaire, assure avoir payé 225.000 euros d'acomptes, sans que son chantier n'avance. Aujourd'hui, elle "n'a aucun espoir de revoir l'argent".

"Déboires sur déboires". Voilà qui résume l'expérience de Cécile Szlachter avec le constructeur de maison Woodz. L'entreprise basée à Arradon, dans le Morbihan, a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Vannes fin septembre. Et depuis, l'espoir pour cette cliente de voir sa maison un jour sur pied a disparu.

Lorsque cette retraitée belge commence son projet de construction à Plobannalec-Lesconil, en mai 2023, elle ne s'imagine pas que l'entreprise va faire faillite. Elle s'engage avec ce constructeur par l'intermédiaire d'un ami qui y travaille.

Mais dès le début, les factures arrivent, alors que rien n'est construit. "Ils m'ont d'abord demandé un pourcentage au moment de l'obtention du permis de construire", se souvient-elle.

Fin octobre, alors que le chantier n'a pas démarré, elle reçoit "deux énormes factures". "Il fallait faire un acompte de 92.000 euros pour le terrassement, et un autre de 111.000 pour commander l'ossature en bois de la maison", détaille-t-elle.

"Toutes les semaines, un nouveau bobard"

Après avoir payé les sommes demandées, elle apprend la séparation des associés du groupe Woodz. "À ce moment-là, j'ai demandé à mon interlocuteur, le directeur financier, si tout ça était bien normal", raconte-t-elle. "Il m'a dit 'Oui oui, ne vous inquiétez pas', mais je pense qu'il savait très bien que cet argent ne servirait jamais à la construction de ma maison", accuse Cécile Szlachter.

Fin décembre, le chantier commence: les ouvriers creusent le trou pour la dalle, puis plus rien, selon son récit. "Ça n'avançait pas, toutes les semaines, c'était un nouveau bobard, une fois les artisans ne pouvaient pas, une fois c'était la pluie, une fois c'était un collègue qui était malade", dénonce-t-elle. "Ils m'ont menée en bateau."

Elle commence à sérieusement se poser des questions, mais se sent coincée. Quelques mois plus tard, la dalle est enfin coulée. Un nouveau conducteur de travaux est alors nommé. "C'est le seul qui a été honnête avec moi, il m'a dit que l'entreprise n'avait plus un franc", rapporte la retraitée.

"Un anéantissement moral et financier"

En mars, elle reçoit deux autres factures de 16.000 euros, qu'elle refuse cette fois de payer. En mai, le vide-sanitaire est construit mais le chantier n'ira pas plus loin.

"J'ai un vide-sanitaire pour 225.000 euros", résume-t-elle.

Lorsqu'elle apprend le placement en liquidation judiciaire, c'est la désillusion totale, "un anéantissement moral et financier". Elle toque alors à la porte de la mairie. "Elle est arrivée en détresse", raconte l'adjoint au maire de la ville.

"Évidemment, on va l'accompagner dans les démarches administratives", explique-t-il. Cécile Szlachter a aussi contacté un avocat. Mais elle n'a "aucun espoir de revoir un jour l'argent".

Plusieurs avis laissés en ligne par des internautes témoignent de problèmes similaires rencontrés avec cette entreprise. "Maison commencée depuis 2 ans et toujours pas livrée. Les sous-traitants ne sont pas payés donc ils ne viennent pas", écrit ainsi l'un d'eux. "Les murs ossature bois sont à la pluie depuis avril. Aucun calendrier n'est tenu", renchérit un autre.

Selon Cécile Szlachter, en plus d'une "vingtaine d'autres clients laissés en plan", les employés mais aussi plusieurs fournisseurs et artisans n'auraient pas été payés. Aujourd'hui, elle dit ne plus avoir assez d'argent pour continuer les travaux.

"Woodz m'a tout pris", assène-t-elle. Et dans cette situation, son couple bat de l'aile. "Mon mari ne veut plus mettre un pied en Bretagne, tout s'effondre."

Marine Cardot