Agences, promoteurs.... Les faillites d'entreprises ont explosé en 2024 dans l'immobilier

L'année 2024 a été catastrophique pour le secteur immobilier. On a dénombré en tout près de 18.000 défaillances d'entreprises dans les secteurs de l'immobilier et du bâtiment, soit une augmentation de 26% par rapport à l'an dernier, selon les chiffres d'Altares.
"2024 a été une année lourde, proche des records historiques de 2009, après la crise des subprimes", note Thierry Millon, directeur des études chez Altares.
Le terme de défaillance désigne toute nouvelle ouverture de procédure devant la justice pour une entreprise en difficulté. Les défaillances regroupent ainsi par ordre de gravité croissante: les procédures de sauvegarde, les redressements judiciaires et les liquidiations judiciaires.
Dans le détail, les agences immobilières continuent de fermer à tour de bras. En 2024, les défaillances ont progressé de 36% avec plus de 1.200 procédures, en majeure partie des liquidations judiciaires (plus de 850).
Les défaillances reculent au T4
Étonnamment, ce sont les entreprises plutôt robustes qui défaillent. "En 2022 et 2023, ce sont plutôt les jeunes agences qui ont fait défaut, celles qui s'étaient lancées quand le marché était florissant, explique Thierry Millon. Maintenant que les plus faibles sont tombés, c'est au tour des entreprises de plus de 7 ou 8 salariés."
"C'est le résultat d'une activité dégradée depuis trop longtemps."
Malgré ces mauvaises nouvelles, une embellie est apparue au dernier trimestre 2024, laissant présager des jours meilleurs. Ainsi, les défaillances d'agences immobilières ont reculé de 10% au T4. "Ce signal corrobore le sentiment des agents sur le terrain qui voient une amélioration et la reprise des transactions", commente Thierry Millon.
Les transactions immobilières dans l'ancien devraient atteindre un plancher 775.000 sur l'année 2024, selon la Fnaim qui espère une reprise des ventes en 2025.
Des promoteurs toujours en difficulté
Du côté des promoteurs en revanche, la situation est encore plus dramatique avec une explosion des défaillances en 2024 (+150%). Au dernier trimestre, les chiffres battent même des records (+266%). "Mais c'est principalement dû à la liquidation judiciaire du promoteur Alila, et à la chute du groupe, responsable à elle seule d'environ 200 défaillances", décrypte Thierry Millon.
"Ainsi, malgré les mauvais chiffres de fin 2024, le secteur de la promotion devrait suivre le mouvement de reprise du secteur immobilier."
De même, dans la construction, les défaillances ont été nombreuses en 2024 avec plus de 5.000 procédures dans le gros oeuvre et plus de 8.000 dans le second oeuvre. La situation tend néanmoins à s'améliorer au dernier trimestre avec une hausse des défaillances limitée à 3% dans le gros oeuvre. Elles continuent à progresser en revanche plus vite dans le second oeuvre (+12%).
Confiance des acheteurs
Mais si les facteurs financiers sont selon lui au rendez-vous avec des taux qui ont baissé et une épargne disponible, la confiance est également essentielle. "La multiplication des plans sociaux fait peur aux salariés, qui se demandent s'ils seront bientôt concernés", souligne Thierry Millon.
"Si on a peur de bientôt devoir rechercher du boulot, de devoir peut-être déménager pour un nouveau poste, on va y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans un achat immobilier", explique-t-il.
En 2024, les défaillances d'entreprises tous secteurs confondus ont encore augmenté (de 17% en 2024 par rapport à 2023), mais Altares estime qu'elles pourraient avoir atteint un plafond.