BFM Immo
Achat Vente

Législatives: comment les candidats tentent à tout prix de séduire les primo-accédants

placeholder video
Exonération de frais de notaire, ouverture du PTZ à tous les primo-accédants... Les partis politiques tentent de séduire les électeurs en misant, notamment, sur le pouvoir d'achat immobilier des primo-accédants.

La crise immobilière n'est plus à démontrer. Dans leur dernière note, les notaires annonçaient que le volume de ventes de logements anciens, en cumul sur les douze derniers mois, avait atteint 835.000 transactions fin février. Cela représentait une baisse sur un an de 23%. "Le marché immobilier français n’avait jamais connu de baisse aussi forte sur un an et il faut remonter à novembre 2016 pour retrouver des volumes de transactions aussi faibles", précisaient alors les notaires.

Le coup de main immobilier : Le contexte politique actuel peut-il avoir un impact sur le marché ? - 15/06
Le coup de main immobilier : Le contexte politique actuel peut-il avoir un impact sur le marché ? - 15/06
3:01

La faute évidemment à la baisse drastique du pouvoir d'achat immobilier. En 2023, celui-ci a chuté de 6m² sur un an, toujours selon les notaires. Une étude du courtier Meilleurtaux du début d'année précise que l'envolée des taux des crédits immobiliers en 2023 explique en bonne partie cette dégringolade. On est passé de taux à 1% en moyenne en 2022 à plus de 4% depuis cet automne. Mécaniquement, on rembourse beaucoup plus d'intérêts à la banque et la capacité d'emprunt recule. Ainsi, avec un taux à 4,2%, on ne peut plus emprunter que 162.000 euros sur 20 ans avec une mensualité de 1.000 euros par mois. C'est 55.000 euros de moins que lorsque les taux étaient à 1% (la capacité d'emprunt était alors proche de 217.000 euros).

Sans surprise, les primo-accédants sont particulièrement touchés par cette crise. Et cela, les partis politiques l'ont bien compris. Le baisse du pouvoir d'achat étant le nerf de la guerre de cette campagne, les partis ont donc décidé de séduire cet électorat jeune en relançant leur pouvoir d'achat immobilier. Voici un tour d'horizon des principales propositions connues pour les législatives à venir des trois principaux courants politiques.

• Nouveau Front populaire: un PTZ plus large

Le Nouveau Front populaire promet "l'ouverture du prêt à taux zéro à tous les ménages primo-accédants sans distinction géographique ou entre neuf ou ancien".

En 2024, le gouvernement a en effet largement resserré l'accès au PTZ. Il n'est par exemple plus possible d'acheter une maison dans le neuf. Cette aide n'est plus disponible que pour un achat en habitat collectif (autrement dit pour les appartements) et uniquement en zones tendues (A bis, A et B1). Dans l’ancien, il n'y avait pas eu de changement en 2024: seuls les achats en zones détendues (B2 et C) donnent accès à un PTZ. Et il faut toujours réaliser des travaux de rénovation représentant 25% du coût total de l’opération à financer.

Mais tout le monde ne peut pas avoir accès à un PTZ. Il ne faut pas dépasser certains plafonds de revenus, qui dépendent de la composition du ménage et de la zone géographique. Le Nouveau Front populaire n'a pas donné de précision sur une éventuelle évolution de ces plafonds.

Il n'existe pour l'instant pas de chiffrage du coût de cette proposition.

• Rassemblement national: un PTZ qui se transforme en partie en don

De son côté, le Rassemblement national propose un prêt à taux zéro de 100.000 euros pour les jeunes couples qui accèdent à la propriété. Prêt qui se transformerait partiellement en don à partir du 3ème enfant.

Les ménages de moins de 35 ans pourraient ainsi ne rembourser qu'à hauteur de 40% ce prêt à partir du troisième enfant. Estimée en 2022 à 12,6 milliards d'euros par l'Institut Montaigne (du fait de l’accroissement rapide de l’endettement de l’État), cette mesure pourrait de fait être bien plus coûteuse avec la forte hausse des taux depuis 2022, comme nous l'expliquions ici.

• Renaissance: exonération des frais de notaire

Le camp présidentiel, lui, aimerait exonérer de frais de notaire les primo-accédants de la classe moyenne. "Pour les Français de classes moyennes qui souhaitent accéder pour la première fois à la propriété, nous exonérerons les frais de notaires en cas d'achat d'un logement jusqu'à 250.000 euros", détaille-t-il.

Ce week-end, le premier ministre a donné quelques précisions au Parisien. Le montant de 250.000 euros fait ici référence à la valeur du bien immobilier (et non aux frais de notaire).

Cependant, ce qu'on appelle dans le langage courant les "frais de notaire" comportent à la fois les émoluments des notaires mais aussi des taxes, les droits de mutation à titre onéreux (DMTO), qui financent l'État et les collectivités locales. Le parti Renaissance n'a pas précisé si l'exonération proposée ne concernerait que les émoluments des notaires ou les émoluments ainsi que les taxes associées.

Il n'existe pour l'instant pas de chiffrage du coût de cette proposition. Les DMTO représentaient 16,8 milliards d'euros de recettes fiscales en 2022, selon le rapport du compte du logement 2022 publié en septembre dernier.

https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze Journaliste BFM Éco