Financer la défense avec l'épargne? Les Français disent majoritairement "non"

Un Livret A, compte épargne le plus populaire de France, le 23 avril 2023 à Lille - DENIS CHARLET © 2019 AFP
Investir davantage dans la défense comme le souhaite Emmanuel Macron? Les Français y sont largement favorables. 77% d'entre eux approuvent la décision du chef de l'État, selon Odoxa.
S'il y a un quasi consensus sur le principe, c'est la question des moyens d'y parvenir qui pose problème. Ainsi selon la baromètre de l'épargne* Odoxa pour BFM Business, près de 6 Français sur 10 (58% précisément) ne veulent pas que l’on se serve de leur épargne pour cela.
"Une des pistes envisagées est la mise en place de 'produits d'épargne' pour financer certains programmes de défense par exemple avec 'la création d'un livret ou d'un plan d'épargne réglementée ou d'une incitation fiscale' ou encore en 'fléchant' le Livret A vers des dépenses militaires, rappelle Odoxa. Une majorité de Français estiment que ce n’est pas une bonne idée."
Avec cependant une différence d'appréciation très nette selon le niveau d'épargne des personnes interrogées.
Les "gros" épargnants, ceux qui mettent plus de 200 euros par mois de côté, sont majoritairement favorables à l'utilisation de leur épargne pour financer de nouveaux programmes d'armement. Ils sont 6 sur 10 à le souhaiter. En revanche, les "petits" épargnants (moins de 200 euros par mois) sont très majoritairement défavorables. Seuls 35 à 37% d'entre eux y sont favorables. Les plus réfractaires étant les non-épargnants qui ne sont que 22% à approuver l'idée.
Pas touche à mon Livret A
La crainte semble se concentrer sur le Livret A. Les Français sont réfractaires à l'idée que les sommes placées sur les livrets d'épargne soient utilisées à cette fin, autrement dit qu'ils n'aient pas leur mot à dire sur l'utilisation de leurs placements.
"Les plus gros épargnants approuvent l’idée mais leur épargne dépend peu du Livret A, explique Odoxa. Ce qui n’est pas le cas des épargnants plus petits qui, eux, concentrent une forte part de leur épargne sur ce produit."
En revanche, s'ils peuvent être volontaires dans la démarche, les freins sont moins importants… à condition que ça rapporte.
Pas question de financer un effort de défense avec des produits faiblement rémunérés. Seuls 28% des épargnants seraient prêts à investir une partie de leur épargne si ce rendement était juste équivalent ou inférieur à celui du Livret A. 34% n’ont pas d’opposition de principe mais ne seraient prêts à investir dans ce domaine que si ces placements leur apportaient une plus forte rentabilité que celle apportée par leurs livrets.
Malgré tout, une proportion importante de Français (mais pas majoritaire) ne souhaiterait pas placer son argent dans de tels produits, quel que soit le rendement. Ils sont 38% à l'affirmer.
Le gouvernement semble avoir écarté l'idée d'une mobilisation "forcée" de l'épargne des Français en mobilisant l'argent des livrets par exemple. Voire à faire appel au patriotisme en lançant un grand emprunt national ou en lançant des livrets dédiés. Au ministère de l'Économie, où l'on planche sur des solutions, l'idée d'un fonds national de défense alimenté par l'assurance vie et l'épargne retraite ou salariale parait tenir la corde. L'assurance vie vient de dépasser les 2.000 milliards d'euros d'encours. Et de leur côté, les banques et les assureurs sont plutôt partants pour mettre au pot.
*Enquête réalisée par Internet les 26 et 27 février 2025. Echantillon de 1 005 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.
