Dissolution, luxe en berne: la fortune des grands milliardaires français a fondu de plus de 70 milliards de dollars en 2024

2024 fût un mauvais cru. Les plus grandes fortunes françaises ont plongé cette année: à eux trois, Bernard Arnault, Françoise Bettencourt Meyers et François Pinault ont perdu plus de 70 milliards de dollars, selon l'indice Bloomberg Billionaires.
Ces trois figures du luxe pâtissent de l'incertitude politique en France et des difficultés du secteur. La chute de leur fortune est à relier directement avec les performances de leurs entreprises respectives en Bourse.
Ainsi, Bernard Arnault a perdu deux places au classement des personnes les plus riches du monde cette année. Il est maintenant 5ème et sa fortune a chuté de 15%, toujours selon Bloomberg. Dans le même temps, le cours de LVHM, dont il est l'actionnaire majoritaire, s'est replié de 14% depuis le 1er janvier 2024.
De même, Francoise Bettencourt Meyers a perdu 25% de sa fortune en 2024 quand son groupe, L'Oréal, perdait 24% à la Bourse de Paris. Les frères Wertheimer, propriétaires de Chanel, perdent aussi plus de 2 milliards chacun, mais le groupe n'étant pas côté en Bourse, la baisse est moins significative.
Le plus fort décrochage, en pourcentage, revient à François Pinault, qui voit sa fortune se contracter de près de 40%. Le milliardaire subit les piètres performances de son groupe Kering en Bourse: son cours a chuté de 41% en 2024, plombé par Gucci.
Morosité de l'économie chinoise
Ces milliardaires ont-ils échoué à faire fructifier leur richesse ou la machine est-elle cassée? Alors que le luxe se portait plus que bien ces dernières années, il a plongé en 2024, entraînant avec lui les plus grandes fortunes françaises.
Et l'explication est à chercher du côté de la Chine, un marché important pour le secteur (avec environ 30% des revenus). La morosité de l'économie chinoise a pesé de tout son poids sur le luxe et notamment sur LVMH et L'Oréal, avec des clients chinois qui ont moins consommé.
Sans compter les tentatives de Pékin de relancer l'économie qui se sont avérées décevantes. Enfin, pour ne rien arranger, la crainte de tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis est venue assombrir encore le tableau.
Incertitude politique
Mais les grands milliardaires français ne pâtissent pas seulement du contexte économique. Une autre explication est à chercher dans le contexte politique national, pour le moins bousculé depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin dernier.
Depuis le 9 juin, le CAC 40, qui évoluait auparavant proche de ses records absolus, n'a plus jamais approché de près ou de loin le seuil des 8.000 points. Le risque politique s'est conjugué à une dégradation du déficit public, faisant craindre des mesures défavorables aux entreprises.
Le projet de loi de finances 2025, qui n'a pas été voté en raison de la censure du gouvernement Barnier, prévoyait par exemple une hausse de l'impôt sur les sociétés. Le directeur financier de LVMH Jean-Jacques Guiony, estimait l'impact de cette mesure sur son groupe à plus 700 millions d'euros.