BFM Patrimoine
Patrimoine

Avec le niveau record de l'once, est-ce le moment d'acheter de l'or?

placeholder video
L'or a dépassé mardi son précédent sommet historique, porté par l'anticipation d'une possible baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) en septembre mais aussi par la crainte d'un gonflement des déficits américains.

En allant au-delà des 2.470 dollars ces derniers jours, l'or a largement dépassé son plus haut historique atteint en mai dernier, à 2.450 dollars l'once. De quoi alimenter l'intérêt des investisseurs pour cette valeur refuge. Les moteurs de l'or restent les mêmes, à commencer par l'incertitude. Outre celle qui pèse sur le contexte géopolitique mondial, ce sont les questions autour de la dérive potentielle des finances publiques américaines qui jouent un rôle déterminant dans le niveau record du cours.

Aux États-Unis, la situation est en réalité bien plus préoccupante qu'en France. Malgré la suprématie du dollar, le remboursement des intérêts de la dette pourrait bientôt représenter un quart du budget fédéral. Pour ne rien arranger, le contexte électoral outre-Atlantique incite les candidats à la Maison-Blanche à faire des promesses impliquant des dépenses supplémentaires plutôt que des réductions de celles-ci.

Baisse du rendement des obligations

Lors de son dernier discours, le gouverneur de la Fed Jerome Powell a laissé entendre que l'inflation américaine reculait plus que prévu: d'après l'indice CPI, elle est passée de 3,3% à 3% sur un an en juin. Les investisseurs s'attendent donc à ce que la Réserve fédérale baisse ses taux directeurs. Quand ces taux baissent, le cours de l'or monte car le rendement des obligations diminue et les investisseurs vont donc préférer placer leurs gains dans des valeurs "sécurisées", ce qu'est l'or par excellence. Mardi, les rendements obligataires à dix ans ont ainsi chuté à 4,15% au lieu de 4,22% la veille.

Doze d'économie : Faut-il acheter de l’or ? - 17/07
Doze d'économie : Faut-il acheter de l’or ? - 17/07
5:50

L'or a la particularité d'être l'actif sans rendement contrairement à l'action qui génère des dividendes ou l'obligation qui rapporte des taux d'intérêt. L'or est ainsi l'une des dernières valeurs où le risque de perdre sa mise est inexistant: un lingot d'or ne fait jamais faillite, ce qui fait de l'or une vraie sécurité.

Les banques centrales ont gonflé leurs réserves ces derniers mois

Depuis 2023, le gonflement des réserves d'or physique détenues par les banques centrales atteint des niveaux jamais vus. La Chine était en tête l'année dernière avec des réserves d'or augmentées de 225 tonnes. À l'image de la Russie ou de l'Inde, la Chine souhaite s'affranchir du dollar et pour ce faire, l'une des meilleures manières est de diversifier ses réserves. Au niveau mondial, l'Amérique reste la première réserve avec 8.000 tonnes d'or tandis que la France est quatrième derrière l'Allemagne et l'Italie avec 2.400 tonnes.

Le dernier facteur qui explique la montée du prix de l'or est que le gonflement des réserves des banques fédérales stimule la demande, ce qui augmente mécaniquement les cours. Enfin, les ménages chinois ont aussi tendance à s'orienter vers l'or afin de faire face à la profonde crise immobilière que traverse le pays depuis de longs mois. Tout cela participe d'une once d'or à des niveaux bien supérieurs à la moyenne de long terme.

Et l'augmentation du prix du métal doré n'est peut-être pas finie puisque Goldman Sachs table sur une once d'or à 2.700 dollars à la fin de l'année tandis que la banque Citi estime que l'on pourrait atteindre le seuil des 3.000 dollars dans les prochains mois.

Timothée Talbi