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NFT: qu'est-ce que le Play-To-Earn?

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Jouer pour gagner de l'argent et notamment des NFT, c'est possible. BFM Crypto vous explique de quoi il s'agit.

Alors que de plus en plus de sociétés annoncent se lancer dans le play-to-earn, à l'instar cette semaine de BD Multimedia, BFM Crypto fait le point avec Matthieu Quiniou, avocat au cabinet Legal Brain. 


Qu’est-ce que le play-to-earn ?

Matthieu Quiniou : Concrètement, dans l’univers des jeux vidéo, les joueurs peuvent désormais jouer pour gagner des jetons non fongibles (NFT) et d’autres jetons sur blockchain, susceptibles d’être échangés et vendus sur des plateformes décentralisées. Le jeu à l’origine de l’engouement pour le play-to-earn s’appelle Axie Infinity : il permet aux joueurs détenant des NFT représentant des personnages du jeu de se connecter avec un portefeuille de cryptomonnaie (type MetaMask) pour jouer et gagner des récompenses sous forme de jetons utilitaires permettant de faire évoluer les personnages. 

Le jeu Gods Unchained est autre grande réussite du secteur. Il reprend le fonctionnement de jeux comme Magic ou Hearthstone, adaptés au play-to-earn avec des cartes numériques sous forme de NFT pouvant être achetées contre des jetons utilitaires du jeu (GODS) et des récompenses hebdomadaires en fonction des victoires remportées face à d’autres joueurs. En France, le jeu Dogami financé notamment par Ubisoft et déployé sur la blockchain Tezos propose au joueur d’élever des chiens numériques dans le Petaverse, métavers pour animaux domestique, et d’être récompensé par l’attributions de jetons s’il s’en occupe bien. On voit également apparaître des pure players de ce nouveau modèle de jeux vidéo en France comme le studio Screenshot à l’origine des jeux Game of Blocks et Everai.

Assiste-t-on à la montée en puissance d’un secteur ?  

Il y a eu un engouement pour les NFT dans le domaine de l’art notamment avec Beeple, des collectibles de photo de profil, avec Cryptopunk ou encore Bored Apes et dans le domaine sportif, par exemple avec la licorne française Sorare. Dans le domaine des jeux vidéo, si l’émergence de ce mode de jeu est bien réelle et s’appuie notamment sur les métavers décentralisés comme The Sandbox, il faut également constater qu’une partie des éditeurs, des plateformes et des joueurs affichent une défiance à l’égard des NFT et du play-to-earn. Les communautés de joueurs de play-to-earn se rassemblent sur des Discord dédiés à ces jeux et les premiers joueurs sont généralement récompensés pour leur participation à l’amélioration du jeu ou leur rôle dans le marketing, avant même que le jeu vidéo play-to-earn ne soit accessible au public. 


Existe-t-il des risques liés au play-to-earn ?

Il y a un risque d’addiction amplifié par les récompenses attribuées sous forme de jetons. Cela pourrait ressembler, dans une certaine mesure, aux risques que l’on peut observer avec les jeux d’argent. Il existe aussi un phénomène nouveau assez problématique : les scholars. Concrètement, un joueur disposant de capital achète des NFT utiles dans un jeu et les donne en gestion à un autre joueur (généralement établi dans un pays avec de salaires faibles) qui va les faire fructifier en jouant le plus possible. A ce niveau le play-to-earn ressemble à du travail, et certains joueurs pourraient potentiellement être qualifiés de salariés. Face à cette approche, certains studios de jeu utilisant les NFT dans leurs jeux proposent des alternatives avec le play-and-earn, en prônant des modes de jeux où la dimension ludique domine.

Des risques existent-ils en matière de propriété intellectuelle ?

En matière de propriété intellectuelle, la particularité du play-to-earn par rapport à d’autres types de jeux vidéo est liée à l’utilisation des NFT et aux droits de propriété intellectuelle qui peuvent être transmis avec le NFT à leurs détenteurs. Les NFT permettent de créer une rareté numérique et d’attribuer, par exemple, au détenteur du NFT un droit de reproduction ou de représentation de l’image qui lui est associée sur les réseaux sociaux ou encore de créer des produits dérivés, comme des mugs ou des t-shirts à l’effigie des NFT qu’il détient. 

Comment évoluera le secteur dans les prochains mois ?

Il est difficile de prédire l’avenir de ce secteur, de nombreux acteurs ont fait marche arrière avec les NFT sous la pression de leur communauté de joueurs ou des plateformes de distribution comme Steam mais le play-to-earn semble avoir trouvé son public de joueurs qui ne cesse de grandir. La jonction entre la blockchain, les NFT et les jeux vidéo est porteuse et nous verrons sans aucun doute apparaître dans les prochains mois un jeu vidéo AAA faisant l’unanimité. Les dynamiques de soutien étatique au secteur des NFT dans la culture devraient également consolider les premiers acquis des acteurs du play-to-earn et renforcer vraisemblablement l’écosystème des studios français. 

Pauline Armandet