"Nîmes, c'est mortel": polémique après le "Ghetto Tour" d'un Youtubeur allemand dans un quartier sensible

Capture d'une vidéo tournée dans le quartier sensible de Mas de Mingue, à Nîmes, par le youtubeur allemand "Lucky Luke030" - BFMTV
Fumigène, drogue, dealers cagoulés... Dans une vidéo, publiée le lundi 12 mai sur les réseaux sociaux, un youtubeur allemand, connu sous le nom de "LuckyLuke030", dévoile le fonctionnement d'un point deal dans le quartier sensible de Mas de Mingue à Nîmes.
"Nîmes, c'est mortel!" (et non "Nîmes, c'est la guerre!" comme écrit dans une première version de cet article), lance-t-il dès les premières secondes de sa vidéo. Muni d'une caméra et d'un mico-cravatte, le youtubeur a fait des "ghettos tour" sa spécialité: une visite guidée, sous fond de trafic de drogues et d'armes à feu, des points de deals partout dans le monde.
"Moi, j'ai 14 ans et j'ai commencé à dealer à l'âge de 12 ans", raconte un adolescent originaire de Grenoble.
Pour être certains d'attirer les clients, les trafiquants ne manquent pas de ressources. Espace détente, boissons fraîches offertes, barbecues à disposition... Tout semble bien pensé par ces jeunes, munis de pistolets et de fusils d'assaut.
Une vidéo "scénarisée"
Dignes d'un clip de rap, ces images amateures détonnent avec la réalité du quartier, dénonce le syndicat Alliance Police. "Mes collègues y sont tous les jours. Ça ne se passe pas comme dans la vidéo, qui est un peu scénarisée", fait remarquer à BFMTV Melissa Gill, représentante dans le Gard du syndicat Alliance Police.
"Le trafic est présent dans nos quartiers, on le sait, et on essaye de faire le maximum pour l'enrailler avec nos moyens", déclare Melissa Gill, évoquant un manque de ressources.
Visionnée plus de 90.000 fois, la vidéo du youtubeur allemand suscite de l'inquiétude chez les habitants du quartier de Mas de Mingue. "J'ai des enfants, donc ça fait peur, ça ne donne pas envie de les laisser traîner dehors", confie une riveraine. "Ça montre une mauvaise image de notre ville. Nîmes ce n'est pas que la drogue", dénonce une autre passante.
Ces dernières années, les violences criminelles ont considérablement augmenté du fait des réseaux de trafic de stupéfiants, souligne la Direction nationale de la police judiciaire dans une note publiée la semaine dernière.
En 2024, 173 villes ont été touchées par des règlements de comptes, contre 144 en 2021. Cette hausse des violences se traduit également par le rajeunissement des auteurs. En 2023, 23% des enquêtes élucidées impliquent des jeunes tueurs âgés de moins de 20 ans, pour beaucoup originaires des régions Sud et Sud-Est.
Vendredi, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, est attendu à Nîmes pour un déplacement dédié principalement à la question sécuritaire. Il devra s'exprimer dans la soirée lors d'un meeting à la halle des sports.