"Un gain de temps": pour corriger les copies, les professeurs se mettent à l'intelligence artificielle

Près de 30 secondes contre cinq heures. C'est la promesse d'un outil de correction de copies mis à disposition des professeurs afin de leur faire gagner du temps. Depuis un an, la startup Examino a conçu un logiciel permettant d'alléger ce travail grâce à l'intelligence artificielle.
Lancé publiquement en octobre 2024, le projet a commencé à prendre ses marques dans le monde éducatif, si bien qu'il profite ces dernières semaines d'un pic de fréquentation avec le bac et le brevet en ligne de mire.
Une IA capable de donner une note à une copie
Le principal intérêt de sa solution est d'éviter les appréciations biaisées sur un élève, puisqu'il est en mesure de proposer une correction complètement neutre
Avec une augmentation de 70% des inscriptions entre mai et juin 2025, selon Examino, l'outil semble avoir trouvé son public. D'autant qu'il est personnalisable à l'envi.
On peut ainsi faire corriger des copies en fonction de critères définis (l'introduction, les références, des éléments graphiques...) et d'un barème choisi à l'avance, ce qui permet à l'IA de se focaliser sur certains éléments en particulier. A l'issue de cette relecture virtuelle, l'IA donne une note à la copie qui n'est qu'indicative.
Le professeur garde la main sur l'ensemble de la révision et peut venir modifier le rendu final. L'outil d'Examino facilite aussi les appréciations des correcteurs, en leur proposant des résumés.

Des professeurs qui n'ont pas besoin de retaper un texte rédigé par un élève: l'IA gère aussi bien l'écriture manuscrite que numérique. Il suffit de scanner la copie physique depuis son téléphone ou d'envoyer une version PDF directement.
D'autres fonctionnalités sont aussi accessibles, comme la répartition des notes sur un devoir précis ou encore le suivi global des différentes notations d'un élève au fil des mois.

Le succès semble en tout cas au rendez-vous: quelque 10.000 copies sont corrigées chaque semaine. Les abonnements oscillent entre 5,90 euros/mois et 14,90 euros/mois. De 1.000 utilisateurs actuellement, Examino espère atteindre les 30.000 inscrits d'ici 2028. L'entreprise veut également se développer en Europe, dans d'autres langues.
Des problèmes éthiques et des règles floues
Reste que cela peut néanmoins poser des questions éthiques. Contacté par Tech&Co, Examino explique que, conformément à ses conditions générales de vente, aucune des données envoyées par des professeurs n'est utilisée pour entraîner l'IA ou même revendue.
La startup affiche d'ailleurs le logo RGPD (le règlement européen sur les données personnelles), assurant être "en conformité".
Pour les syndicats interrogés par France 3 Grand Est, une IA de correction ne doit être utilisée que "ponctuellement". Le ministère de l'Education nationale précise que l'intelligence artificielle doit être utilisée en prenant en compte une "plus-value pédagogique" et n'a pas vocation à remplacer le travail d'appréciation d'un professeur.
Examino a toutefois annoncé être en discussion avec les institutions éducatives pour normaliser son outil, qui est actuellement à la charge des professeurs l'utilisant.