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Dolby Vision 2: "une étape majeure" vers la télévision de demain et un futur encore plein de questions...

A Berlin (Allemagne), le retour de XX ne se fait pas sans souci

A Berlin (Allemagne), le retour de XX ne se fait pas sans souci - DR / Kevin Hiot

Un peu plus de dix ans après le lancement de son standard Dolby Vision, Dolby Laboratories revient avec une mise à jour majeure, prévue pour baliser le futur des téléviseurs des dix prochaines années. Une belle promesse et encore quelques questions…

À l’occasion de l’IFA 2025, Dolby Laboratories a annoncé une nouvelle version majeure de son standard de rendu vidéo HDR, Dolby Vision, lancé il y a un peu plus de dix ans. “À l’époque, la diagonale moyenne des téléviseurs était de 40 pouces aux États-Unis et de 32 pouces dans le monde, avec une luminosité moyenne de 300 nits”, se rappelle Javier Foncillas, vice-président des partenariats commerciaux et des ventes de Dolby Laboratories, lors d’une présentation à l’IFA. “C’étaient les débuts de la 4K pour le grand public”, continue-t-il pour faire comprendre que, depuis, les choses ont changé, comme le prouve le premier téléviseur compatible avec ce nouveau standard Dolby. Produit par Hisense, il est équipé d’une dalle RGB MiniLED impressionnante qui affiche une luminosité de 8.000 nits. Face à de tels progrès, difficile de ne pas bouger. “Nous nous sommes demandé s’il fallait une mise à jour itérative, puis avons compris qu’il fallait faire un grand pas en avant”, nous confie Javier Foncillas

Une base commune simple

Évidemment, on comprend que ce changement de numérotation répond autant (si ce n’est plus) à un besoin commercial qu’à un besoin technique — après tout, le standard Dolby Vision 1 est loin d’être dépassé et a évolué au fil du temps pour ne rien céder à son concurrent, le HDR10+. Il en a encore sous le pied.

Javier Foncillas ne dit rien d’autre quand il explique que ses partenaires, les fabricants de téléviseurs, lui indiquent qu’ils ne peuvent pas mettre la même technologie dans tous leurs produits. Autrement dit, qu’il faut pouvoir, par une étiquette, signifier qu’un produit est meilleur qu’un autre.

Dolby a donc créé Dolby Vision 2 et Dolby Vision 2 Max. Le premier sera apposé sur les téléviseurs d’entrée et milieu de gamme. Tandis que le second ornera les modèles les plus coûteux et haut de gamme.

Les deux appellations partagent le même prérequis technologique de départ : tourner avec une puce Mediatek Pentonic 800. C’est pour l’instant la seule à pouvoir gérer, au sein de son moteur de rendu matériel, les premières exigences de Dolby Vision 2. “D’autres puces Mediatek seront compatibles et d’autres concepteurs de puces proposeront leurs modèles à l’avenir.”, précise Javier Foncillas.

Deux niveaux d’excellence et une bannière Content Intelligence

Quelle différence entre Dolby Vision 2 et Vision 2 Max ? Lors de sa présentation, la société anglo-américaine a rapidement détaillé les points communs et de divergence de ses deux appellations. Une succession de points pour autant de technologies organisées au sein d’un nouveau moteur Dolby, rétro compatible avec Dolby Vision, bien sûr.

Dolby Laboratories les a réunies sous la bannière Content Intelligence. Ainsi, sont communes aux deux labels Dolby Vision 2, la technologie Precision Black, l’Image Engine, l’Optimisation pour les sports et le jeu, et le Contrôle de l’intensité. Tandis que seront réservées aux téléviseurs Dolby Vision 2 Max les fonctions Image Engine Max, Light Sense 2, Authentic Motion et Pro Mode.

Le premier volant de fonctions est à considérer comme un socle, une base indiscutable qui doit bénéficier à tout le monde. Ainsi, Precision Black, disponible sur tous les téléviseurs Dolby Vision 2, est au cœur d’une réponse apportée aux utilisateurs qui ont parfois l’impression que l’image est “trop sombre”, notamment pour les productions Netflix.

Cette technologie permettra d’améliorer la clarté de l’image “sans trahir l’intention artistique du réalisateur”, souligne Javier Foncillas. L’Optimisation pour les sports et le jeu apporte de nouvelles améliorations qui ajustent au mieux les points blancs et renforcent le contrôle des mouvements qui sont spécifiques aux rencontres sportives ou aux déplacements dans les jeux vidéo. Un moyen d’éviter les effets de déchirement, par exemple.

En revanche, le second volant de fonctions, celui qui est réservé à la version Max de Dolby Vision 2, réclame davantage de composants électroniques ou des composants de meilleure qualité. Ainsi, Authentic Motion demande des taux de rafraîchissement élevés, tandis que Light Sense 2 repose sur la présence de capteurs de lumière ambiante, disponibles sur les téléviseurs assez coûteux et beaucoup plus rares en entrée de gamme, met en perspective Javier Foncillas.

Un téléviseur Dolby Vision 2
Un téléviseur Dolby Vision 2 © Dolby Laboratories

Un credo : une technologie au service des créateurs de contenus

Derrière ces fonctions réparties en deux classes, pour permettre aux fabricants de téléviseurs de construire leurs offres, il y a également une promesse commune, celle de servir la vision des créatifs, des réalisateurs, notamment.

Pour cela, Dolby Vision 2 s’accompagne aussi et surtout d’une promesse technique : un mappage tonale bidirectionnel. Bidirectionnel, en quoi ? Jusqu’à présent, Dolby Vision faisait en sorte qu’un fichier source, calibré sur un moniteur professionnel, ultra lumineux et performant, puisse s’adapter à un téléviseur bien moins performant afin qu’il reste lisible et agréable à voir. L’adaptation ne se faisait donc que dans un sens, descendant.

Demain, ce mappage pourrait jouer aussi bien vers le bas, que vers le haut, aussi bien vers un téléviseur moins bon que vers un téléviseur meilleur que l’unité de calibration.

Pour cela, Dolby compte sur l’IA, sur de nouveaux outils fournis aux créateurs de contenus et sur un nouvel ensemble de métadonnées, plus riches, plus détaillées. Elles permettront aux créateurs de définir des limites, des précisions pour que leur vision de départ soit respectée et optimale, quel que soit le support.

Des questions en suspens…

De nombreuses questions se posent encore, et certaines n’ont même pas encore été abordées par Dolby avec ses partenaires. Ainsi, les discussions avec les fabricants de Blu-ray n’ont pas évoqué l’éventualité de supports différenciés Dolby Vision 2 et Vision 2 Max — qui reviendrait à dire : “vous voulez le meilleur, acheté le Blu-ray le plus cher”.

Par ailleurs, à l’heure actuelle, seuls les téléviseurs sont concernés par cette norme, pas les vidéoprojecteurs. La raison en serait, selon Javier Foncillas, que le marché des téléviseurs suit un rythme de mise à jour annuelle plus soutenu, qui permet aux puces embarquées de satisfaire aux exigences du nouveau standard.

Enfin, devant cette scission en deux appellations commerciales du marché, on ne peut s’empêcher de se demander si un jour d’ici quelques années, une nouvelle tranche ne fera pas son apparition, un Dolby Vision Ultra, par exemple, pour un segment de téléviseurs encore plus performants et coûteux… Interrogé sur ce point, sous forme d’une boutade, Javier Foncillas a souri et déclaré que, pour l’heure, deux versions étaient disponibles. À bon entendeur.

Pierre Fontaine