"J'ai perdu 50% de mes revenus": New York fait la guerre aux Airbnb pour rendre les logements aux habitants

C'est une surprise qui en dit long sur la situation économique de New York. Zohran Mamdani, socialiste avec un programme très ancré à gauche, a remporté contre toute attente la primaire démocrate en vue des élections municipales qui auront lieu le 4 novembre prochain. Il est désormais favori pour devenir le prochain maire de New York. Son programme axé sur l'accessibilité au logement a séduit les habitants d'une ville confrontée à une sérieuse crise du logement.
Face à cette crise, la ville avait déjà durci les règles il y a près de deux ans en limitant sévèrement les locations touristiques. Résultat, les annonces sur des plateformes comme Airbnb ont chuté de 90%. Mais la mesure a aussi des effets secondaires: les prix des hôtels s’envolent et les propriétaires comme les commerçants constatent une baisse de fréquentation.
Des conditions très strictes pour les courts séjours
Les premiers touchés sont les propriétaires new-yorkais. La loi, qui favorise les longs séjours, leur impose une durée de location minimale de 30 jours. En dessous de cette limite, les conditions sont strictes: l’hôte doit être physiquement présent pendant la durée du séjour et ne peut proposer qu’une seule chambre.
Tony Dunoyer est propriétaire d’une maison de deux étages à Harlem, il louait trois chambres sur Airbnb. Aujourd’hui, il n’en loue plus qu’une. "J'ai deux espaces qui sont obligés d'être en long terme mais je n'ai aucune demande dessus, aucune donc je suis obligé de les remplir grâce à des amis qui viennent c'est uniquement ça mais ça ne remplit pas", se désole-t-il.
"Ça m'a affecté, j'ai perdu 50% de mes revenus alors que je suis à la maison et que je vis de ça."
Baisse de la fréquentation touristique
Conséquence, avec moins de logements disponibles, les touristes se tournent vers les hôtels où une nuit coûte en moyenne 300 dollars. "On sait que c'est l'industrie hôtelière qui a poussé pour cette loi dès le départ", dénonce Nathan Rotman, directeur de la stratégie d'Airbnb en Amérique du Nord.
"Les hôtels veulent gagner plus d'argent, les prix à la nuitée sont en hausse de 5% par rapport à l'année précédente et ils vont continuer à augmenter leurs profits."
"Le problème c'est que ça impacte l'économie, surtout les quartiers ou il n'y a pas beaucoup d'hôtels", assure Nathan Rothman. De fait, les quartiers éloignés de Manhattan sont les plus touchés. En particulier les commerces locaux.
"Quand on pense au tourisme à New York, on pense à Manhattan. Mais en tant qu'entrepreneur local à Brooklyn, je réalise que ça nous a impactés, avec une chute de 30 à 40% de nos clients. Les gens visitaient nos parcs, nos restaurants, ils restaient ici", témoigne le restaurateur Calvin Senon.
Depuis que la loi est entrée en vigueur, les quartiers en dehors de Manhattan, comme Brooklyn ou le Queens, auraient perdu près de 2 milliards de dollars en dépenses touristiques, d’après une étude rélisée par HR&A Advisors pour le compte d'Airbnb.