"Il se distingue par son caractère apolitique": pourquoi tout le monde se refugie sur l'or plutôt que sur le franc suisse ou les bons du Trésor

Deux lingots d'or (photo d'illustration) - Thomas Coex - AFP
Le cours de l'or est-il en train de viser un nouveau sommet? Après avoir atteint, pour la première fois de son histoire, les 3.500 dollars l'once le 22 avril, l'or attire encore les investisseurs.
Depuis le début de l'année, le prix du métal précieux a gagné 30%, s'échangeant autour des 3.387 dollars à 10h30 ce mardi 17 juin. En un an, l'or a gagné 46% et 86% depuis trois ans, confirmant son statut de valeur refuge.
Les gains de l'or dépassent ainsi largement ceux des autres traditionnelles valeurs dites refuge que le franc suisse, le yen japonais ou encore les bons du Trésor américain.
"L’or se distingue des autres actifs par sa grande liquidité et son caractère apolitique", a déclaré lundi Shaokai Fan, responsable mondial des banques centrales au World Gold Council, lors de la conférence annuelle sur les métaux précieux en Asie-Pacifique.
"Tous les autres actifs sont émis par des États. Ce n’est donc pas une monnaie fiduciaire. L’offre d’or est limitée par des contraintes naturelles, et je pense que c’est ce qui en fait une valeur refuge. Il n’est lié à aucun risque politique particulier", a-t-il ajouté.
Pour rappel, une valeur refuge est un actif décorrélé des soubresauts de l'économie, censé résister à la chute des marchés financiers. Face aux incertitudes liées à la mise en place des tarifs douaniers américains, les investisseurs ont délaissé certains valeurs refuges habituelles, à l'instar du dollar américain, des bons du Trésor américain ou de certaines obligations d'Etats, notamment japonaises et suisses.
L’or "n’est pas affecté par les ratios élevés de dette par rapport au PIB qui impactent les autres devises", ajoute le directeur mondial des marchés institutionnels à CNBC Refinery, Nicholas Frappell. Enfin, les banques centrales mondiales continuent d'accumuler de l'or, ajoutant 1.044,6 tonnes nettes d’or à leurs réserves en 2024, dépassant les 1.000 tonnes pour la troisième année consécutive... Une course à l'or qui lui permet finalement de s'apprécier.
"Or digital"
Un parallèle peut être fait avec le bitcoin, la première cryptomonnaie du marché, parfois appelée "or digital". Le bitcoin est une cryptomonnaie décentralisée, qui ne dépend d'aucun Etat et dont l'offre est aussi limitée dans le temps (à 21 millions de bitcoins en circulation). Son cours s'est plusieurs fois apprécié malgré les incertitudes économiques, bien qu'il reste parfois corrélé à certains aux indices américains risqués, comme les valeurs dites technologiques.
De même, alors que les Etats-Unis ont créé une "réserve stragétiques de bitcoins", basé sur ceux détenus d'affaires judiciaires, de plus en plus d'Etats cherchent à établir leur propre réserve dans une course aux bitcoins. D'autres accumulent aussi déjà du bitcoin, à l'instar du Salvador et du Bhoutan qui détiennent respectivement 6.000 et 13.000 bitcoins.