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Police-Justice

"Infâmant", "Un peu abusif" : la mise en examen d'Aubry suscite de vives réactions

Martine Aubry a été mise en examen dans le dossier de l'amiante.

Martine Aubry a été mise en examen dans le dossier de l'amiante. - -

BFMTV.com a recueilli les réactions de cinq personnalités politiques après la mise en examen de Martine Aubry, dans le dossier de l’amiante.

L’annonce de la mise en examen de Martine Aubry dans le dossier de l’amiante a eu l’effet d’une bombe dans la classe politique. Les chefs d’inculpation sont graves : l’ancienne patronne du PS est mise en examen pour homicides et blessures involontaires dans le dossier de l’amiante, en sa qualité d’ancienne directrice des relations du travail du ministère du Travail entre 1984 et 1987. BMFTV.com a recueilli quelques réactions de personnalités politiques.

Najat Belkacem, ministre et porte-parole du gouvernement socialiste, reste mesurée : "En tant que ministre, je ne porte pas de jugement sur une procédure judiciaire en cours, mais à titre personnel, j’apporte mon soutien à la femme qu’est Martine Aubry".

Plus loquace, Noël Mamère, député-maire Europe Ecologie-Les Verts, ne cache pas sa colère : "Je pense que Madame Aubry a fait tout ce qu’elle devait faire à l’époque, et cette mise en examen est malvenue. Je trouve ce traitement particulièrement disproportionné et infâmant."

Gérard Bapt, député PS spécialiste de la santé, est lui plus nuancé : "Je suis malheureux pour elle, connaissant sa rigueur intellectuelle. On touche là à une pratique un peu abusive avec cette mise en examen. Le statut de témoin assisté aurait été plus adapté. Néanmoins, on peut se réjouir que la justice travaille, même de manière si tardive."

Le député UMP Bernard Debré "choqué"

Plus surprenant, Bernard Debré, député UMP spécialiste de la santé, n’a pas hésité à prendre la défense de son adversaire politique : "Je suis toujours surpris lorsqu’une procédure arrive presque trente ans après les faits. Si notre système met autant de temps à se rendre compte d'anomalies, c’est très regrettable. Par ailleurs, j’aurais préféré qu’elle ait le statut de témoin assisté. Cette mise en examen me choque. Je ne peux évidemment pas me prononcer sur sa culpabilité, mais il faut se remettre dans le contexte : à l’époque, le mésothéliome était une maladie extrêmement rare, c’était encore très nébuleux."

Enfin, Valérie Boyer, députée et ancienne secrétaire nationale UMP à la santé, est restée dans son rôle d’opposante politique : "J’ai l’impression que c’est l’arroseur arrosé, car c’est typiquement le genre de procès d’intention que la gauche adore faire à la droite. Les socialistes ont l’habitude de réécrire l’histoire à la lumière d’aujourd’hui, comme ils l’ont fait récemment pour les événements du 17 octobre 1961. Là, c’est à eux de s’expliquer du passé."

Dès sa sortie du tribunal, Martine Aubry a laissé comprendre qu’elle ne se laisserait pas faire. Dans cette optique, son avocat, Me Yves Baudelot, a déclaré vouloir déposer ce mercredi une requête en annulation de la mise en examen pour obtenir le statut de témoin assisté. Pour rejeter cette demande, le juge d'instruction doit rendre une ordonnance motivée faisant état des indices graves ou concordants justifiant sa décision.

Alexandra Gonzalez