François Baroin, discret ambitieux, premier maire de France

Désormais élu à la tête de la puissante Association des maires de France (AMF) sans aucune surprise, le sénateur-maire de Troyes François Baroin, ancien ministre sous Chirac puis Sarkozy, poursuit ainsi son ascension politique, aussi discrète qu'ambitieuse.
Sans surprise, François Baroin, le sénateur-maire UMP de Troyes, a été élu ce mercredi pour trois ans président de l'Association des maires de France (AMF). Une mission qu'il entend mener "main dans la main" avec le socialiste André Laignel dans le cadre d'une direction bicéphale.
Âgé de 49 ans, l'ancien ministre de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy n'a toutefois pas eu droit à un plébiscite: la participation a été très moyenne (62,4%), et il y a eu plus de 21% de votes blancs. Ceux-ci ayant été décomptés dans les suffrages exprimés, François Baroin a obtenu 4.136 voix, alors que son prédécesseur Jacques Pélissard (UMP) en avait obtenu plus de 7.800 en 2011.
Désormais élu "premier maire de France", François Baroin peut poursuivre son chemin politique, aussi discret qu'ambitieux.
Détonnant
Sur la scène politique, François Baroin détonne. Quand les autres quadras de son camp se bousculent dans les médias ou font assaut d'amabilités envers Nicolas Sarkozy, il trace discrètement son chemin qui passe par la présidence de l'Association des maires de France.
Nul doute qu'il saura faire un tremplin de cette nouvelle responsabilité. Mais la question est: jusqu'où? Le maire de Troyes a occupé certains des ministères les plus prestigieux de la République. En 2011, il avait conquis de haute lutte Bercy, que Sarkozy avait pourtant promis à Bruno Le Maire, autre quadra UMP surdoué de la politique mais bardé de diplômes.
Car loin de l'ENA, le tout nouveau sénateur de l'Aube, après cinq élections de député, a débuté dans le journalisme, avant de devenir, comme beaucoup de ses collègues après la défaite de 2012, avocat.
Une allure d'éternel jeune homme
Grand, mince, élégant, une belle voix basse parfois mise au service de la langue de bois, un ton calme, François Baroin a une allure d'éternel jeune homme. Féru de tennis - il est dans les gradins de Roland Garros chaque année aux côtés de sa compagne, l'actrice Michèle Laroque, mais aussi sur les courts - il sait monter au filet. Passionné de pêche à la truite, il a également la patience silencieuse de celui qui veut ferrer.
Fils du très charismatique Michel Baroin, grand maître du Grand Orient de France et fondateur de la Fnac mort dans un accident d'avion en Afrique en 1987, il a aussi un père spirituel: Jacques Chirac, grand ami de Michel, qui avait fait de François son éphémère porte-parole de gouvernement en 1995. Six mois plus tard, il était éjecté par le Premier ministre dans le train des "Juppettes". De quoi nourrir une rancune tenace à l'égard d'Alain Juppé.
Un sarkozyste convaincu, et un Premier ministre en devenir?
Est-ce une des raisons qui l'ont conduit à se muer en sarkozyste convaincu ? "Sarkozy est trente coudées au-dessus de nous", affirmait-il en 2013. Un an plus tard, le 14 septembre, avant même la déclaration de candidature de l'ex-chef de l'Etat à la présidence de l'UMP, il lui proclamait son soutien. L'élection à la tête du mouvement "vaut primaires", ajoutait-il un peu plus tard.
Nicolas Sarkozy ne cache pas l'affection qu'il lui porte et on lui prête même l'intention d'en faire son Premier ministre s'il revenait à l'Elysée en 2017.
Républicain pur et dur, de droite modérée, il s'est violemment opposé à Jean-François Copé et à sa "droite décomplexée". Il n'a pardonné au député-maire de Meaux ni "le pain au chocolat", ni son élection acquise par tricherie selon lui de la présidence de l'UMP fin 2012. Celui qui a sur son bureau des ouvrages d'Apollinaire, d'Hugo mais aussi de Churchill dit de lui-même: "ma nature, c'est de mettre de l'huile dans les rouages, pas sur le feu".
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