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Conquête de Mars: la Nasa prépare une simulation de mission habitée d'un an

Cette photo de la NASA publiée le 7 juin 2018 montre un autoportrait en contre-plongée du véhicule Curiosity Mars rover de la NASA à l'endroit d'où il est descendu pour forer une cible rocheuse appelée « Buckskin » sur la partie inférieure du mont Sharp. Le rover Curiosity de la NASA a trouvé de nouvelles preuves préservées dans les roches de Mars qui suggèrent que la planète aurait pu accueillir une vie ancienne, ainsi que de nouvelles preuves dans l'atmosphère martienne qui sont liées à la recherche de la vie actuelle sur la planète rouge.

Cette photo de la NASA publiée le 7 juin 2018 montre un autoportrait en contre-plongée du véhicule Curiosity Mars rover de la NASA à l'endroit d'où il est descendu pour forer une cible rocheuse appelée « Buckskin » sur la partie inférieure du mont Sharp. Le rover Curiosity de la NASA a trouvé de nouvelles preuves préservées dans les roches de Mars qui suggèrent que la planète aurait pu accueillir une vie ancienne, ainsi que de nouvelles preuves dans l'atmosphère martienne qui sont liées à la recherche de la vie actuelle sur la planète rouge. - Handout / NASA / AFP

Trois hommes et une femme participeront, à partir du 19 octobre, à une simulation d’un an de vie sur Mars dans un habitat clos de 158 m². L’objectif : recueillir des données essentielles avant d’envisager une véritable mission habitée vers la planète rouge.

Un pas de plus vers Mars? La NASA franchit une nouvelle étape dans sa préparation aux futures missions habitées vers la planète rouge. L’agence spatiale américaine a dévoilé les noms des quatre volontaires qui participeront, à partir du 19 octobre, à une simulation d’un an dans un habitat clos de 158 m² au Centre spatial Johnson, à Houston. Trois hommes et une femme, Ross Elder, Ellen Ellis, Matthew Montgomery et James Spicer, vivront comme de véritables astronautes dans la capsule baptisée “Mars Dune Alpha” jusqu’au 31 octobre 2026.

Anticiper les contraintes

Ce projet s’inscrit dans le cadre des missions CHAPEA (pour Crew Health and Performance Exploration Analog), menées dans un habitat imprimé en 3D. Pourquoi recourir à cette technologie ? Simplement pour plus de réalisme. Les futurs colons martiens ne pourront pas apporter beaucoup de matériaux de construction. Le coût d'une "maison" venue de la Terre serait prohibitif. Il leur faudra donc composer avec ce qui sera disponible sur place. Dans ce contexte l'impression 3D réduit les coûts et offre une plus grande adaptabilité. L'habitat sera donc construit en "lavacrete", mot-valise qui vient de l'anglais "lava" et "concrete", la roche volcanique et le béton. Ce matériau offre une très bonne résistance aux intempéries, une excellente isolation thermique, et est par ailleurs très maléable. Parfait donc dans un environnement riche en contraintes.

L'objectif de cette simulation est de tester les conditions de vie et de travail en environnement martien, et de mieux anticiper les contraintes que subiront les futurs équipages. Les volontaires devront composer avec des ressources limitées, des pannes techniques, des retards de communication, l’isolement et des activités extravéhiculaires simulées, grâce à la réalité virtuelle. Mais, la simulation sera aussi bien concrète. Les astronautes devront donc se charger de planter et récolter une partie de leur nourriture, qu'ils prépareront ensuite. Comme ils devraient le faire sur la planète rouge, sans livraison régulière de rations alimentaires.

Une collecte de données précieuses

La simulation nous permettra de collecter des données sur les performances cognitives et physiques afin de mieux comprendre les effets des missions de longue durée sur la santé et l’efficacité des équipages “, a expliqué Grace Douglas, chercheuse principale du programme. Cette expérience grandeur nature doit ainsi aider la NASA à mieux évaluer les risques et définir les interventions nécessaires pour rendre possible une exploration humaine de Mars. D'où l'importance des missions alimentaires, notamment, qui devront également permettre de mesure l'impact sur le physique et la santé des astronautes.

Mars, un objectif politique ?

Depuis plus d’un demi-siècle, le rêve d’envoyer des humains sur Mars revient régulièrement dans les agendas des grandes agences spatiales. Dès les années 1960, dans la foulée du programme Apollo, la NASA avait étudié la possibilité d’une mission martienne habitée pour les années 1980, avant d’y renoncer face aux coûts colossaux et aux incertitudes technologiques. Mais depuis la réélection de Donald Trump à la Maison-Blanche, le 20 janvier 2025, le programme spatial américain s’est de nouveau orienté vers la planète rouge.

Le président américain a fait de l’exploration martienne l’un de ses projets phares. Son objectif est clair: voir le drapeau américain planté sur Mars d’ici 2029. En parallèle, Elon Musk, patron de SpaceX, affiche l’ambition de lancer une mission habitée dès 2028. Mais cette politique spatiale audacieuse se heurte à de nombreux obstacles, tant techniques que financiers. À cela s’ajoute un facteur politique délicat: les tensions entre Donald Trump et Elon Musk. Ce “divorce“ entre la Maison-Blanche et le patron de SpaceX pourrait fragiliser un projet déjà marqué par l’incertitude et la démesure.

Raphaël Raffray