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Présidentielle

"On voit où manquent les voix": les regrets d'une non-union de la gauche autour de Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Fabien Roussel et Anne Hidalgo.

Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Fabien Roussel et Anne Hidalgo. - PIERRE-OSCAR BRUNET / BFMTV

Les candidats du Parti socialiste, d'EELV et du Parti communiste ont fait moins de 5% au premier tour de l'élection présidentielle. Mais pour certains, les voix qu'ils ont glanées ont nui au passage de Jean-Luc Mélenchon au second tour.

Le score historique de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l'élection présidentielle, près de 22%, "ne suffira pas pour se qualifier au second tour", a déclaré dans la nuit de dimanche à lundi le directeur de campagne du candidat Insoumis Manuel Bompard, reconnaissant la défaite.

D'après les derniers résultats, il manque un peu plus de 500.000 voix à Jean-Luc Mélenchon pour passer devant la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen et aller au second tour. Et ces voix, certains reprochent ce matin aux autres partis de gauche de les avoir retenues en maintenant une candidature au lieu de s'allier à La France Insoumise.

"On voit où manquent les quelques centaines de milliers de voix"

"Il y a une arithmétique politique, on voit où manquent les quelques centaines de milliers de voix pour aller au deuxième tour, a déclaré ce lundi sur BFMTV Éric Coquerel, député LFI, interrogé sur le score du candidat communiste Fabien Roussel. Ce dernier a obtenu 2,31% des suffrages exprimés, soit près de 800.000 voix, et sans sa candidature, "je pense qu'on serait au second tour", a estimé Éric Coquerel.

Interrogé sur France Inter à ce même sujet, le député LFI Adrien Quatennens a lui aussi regretté la non-union avec le Parti communiste, comme cela avait été le cas en 2012 et en 2017.

"Il nous a manqué 500.000 voix, c'est à dire trois fois rien, c'est quelques voix par bureau de vote", explique-t-il. "Quand vous voyez que ce matin Jean-Luc Mélenchon finit à 22%, que Marine Le Pen est un point devant nous, et que Fabien Roussel fait 2,5 points... Oui ces voix nous ont manqué, incontestablement."
"C’est une réalité mathématique, le nombre de voix qui manquent à Jean-Luc Mélenchon pour se qualifier au second tour est inférieur au nombre de voix qui ont par exemple été réalisées par Fabien Roussel", a également regretté sur BFMTV Manuel Bompard.

Dimanche soir au QG de La France Insoumise, une certaine animosité à l'égard du candidat communiste a été observée. Quand il a pris la parole à la télévision, il a ainsi été hué par des militants sur place. Les deux autres principaux candidats de gauche, Anne Hidalgo (PS) et Yannick Jadot (EELV), ont également été pointés du doigt, jugés en partie responsables de la défaite de Jean-Luc Mélenchon à la porte du second tour.

"Ils se seraient retirés on aurait Jean-Luc Mélenchon au second tour"

"Encore une fois ça nous passe sous le nez, et je suis très, très en colère contre la gauche", déclare à BFMTV une étudiante à Marseille, qui a mis un bulletin Mélenchon dans l'urne en 2017 et en 2022. "J’en veux énormément à la gauche de ne pas avoir su s’entendre, j’espère qu’ils ont tous bien honte", a lancé à Libération la militante féministe Claudine Cordani, qui était présente au QG LFI dimanche soir. "Ils ont du sang sur les mains", déclare carrément une militante au quotidien.

"Ce qui est dramatique c'est qu'aujourd'hui des candidats qui sont en-dessous de 5%, alors que l'on sentait une attente de l'électorat à une union des gauches, n'ont pas été capables" de s'unir, a dit sur BFMTV ce lundi l'ex-ministre de l'Environnement, et ex-candidate du Parti socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal. Anne Hidalgo (PS) a, selon les derniers résultats, obtenu 1,74% des suffrages exprimés, et Yannick Jadot (EELV) 4,58%.

"Leurs frais de campagne ne seront même pas remboursés. Aujourd'hui ils se seraient retirés on aurait Jean-Luc Mélenchon au second tour, la France pourrait bénéficier d'un vrai débat de fond, de choix, de valeur et de stratégie par rapport à l'État du pays", a déploré Ségolène Royal.

L'avenir, "c'est le pôle populaire de manière incontestable"

Il n'en reste pas moins que Jean-Luc Mélenchon s'impose, après ce résultat, comme la première force de la gauche française, mais cette domination ne signifie pas que tous vont se rassembler autour des Insoumis à l'avenir. Cette non-alliance est en effet aussi un signe que le candidat n'a pas réussi à aplanir ses différends avec le reste de la gauche.

Sur BFMTV, Ségolène Royal a tout de même appelé le PS à l'introspection, à la lumière de ces résultats, déclarant que "la gauche ce n'est plus le Parti socialiste donc il va falloir reconstruire, réfléchir au message de cette élection". Pointant du doigt les bons résultats de Jean-Luc Mélenchon chez les jeunes et dans les outre-mer, elle appelle à reconstruire "la gauche à partir des électeurs qui se sont exprimés".

À quelques semaines des législatives, des tractations sont de toute façon attendues à gauche. Si le groupe socialiste au Palais Bourbon compte aujourd'hui une trentaine de membres, ceux de LFI et du PCF flirtent avec la barre des quinze élus, en dessous de laquelle ils seraient amenés à disparaître.

"Nous ce qui nous intéresse c'est de construire l'avenir, et l'avenir du côté de la gauche, c'est le pôle populaire de manière incontestable", a jugé Éric Coquerel.
Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV