Les jihadistes de Daesh perdent du terrain en Irak et en Syrie

Des jihadistes de Daesh dans leur fief syrien de Raqqa, en juillet 2014. - Welayat Raqa - AFP
Le vent est-il en train de tourner pour les jihadistes de Daesh? Les combattants du groupe l'Etat islamique (EI) seraient, selon des experts, en train de perdre du terrain en Irak et de cesser d'en gagner en Syrie, alors que les frappes de la coalition internationale se poursuivent sur le terrain.
Série de défaites en Irak
Pilonnés par les frappes aériennes de la coalition internationale et confrontés à des adversaires de mieux en mieux coordonnés, les jihadistes ont notamment subi une série de défaites en Irak, où ils ont dû se retirer de plusieurs zones conquises en juin.
En novembre, l'EI a ainsi été délogé de la région stratégique de Jurf al-Sakhr au sud de Bagdad, et de la ville de Baïji au nord, où il a dû lever le siège de la raffinerie du même nom. Dans l'est de l'Irak, les jihadistes ont été contraints d'abandonner l'un des plus grands barrages du pays, à Udhaim, et deux villes proches de la frontière avec l'Iran.
Sur le terrain syrien, ils ne parviennent pas à progresser dans Kobané, ville syrienne kurde frontalière de la Turquie où ils ont perdu beaucoup d'hommes depuis qu'ils y sont entrés le 6 octobre.
Efficacité des frappes aériennes
"Les frappes de la coalition anti-EI commencent à porter leurs fruits sur plusieurs fronts", analyse Ayham Kamel, de l'Eurasia group. Si le groupe jihadiste nie tout affaiblissement, cette série de défaites ou d'assaut ratés suggère que l'aura militaire de l'EI est en train de faner.
D'autant que les jihadistes ne peuvent plus profiter des tensions entre Bagdad et la région autonome du Kurdistan qui leur ont permis de s'emparer en juin de zones disputées de longues dates entre le gouvernement fédéral et Erbil. Les deux parties ont fini par mettre de côté leurs différends et mieux coordonner leurs efforts militaires.
Les frontières du califat s'effritent
Ainsi Saadiyah et Jalawla, situées en territoires disputés, ont été reprises la semaine passée, confirmant que les frontières orientales du "califat" autoproclamé de l'EI commençaient à s'effriter.
Dans de telles zones, "avoir les peshmergas (les combattants kurdes, ndlr) d'un côté qui poussent par le nord, et l'armée irakienne qui remonte du sud, c'est une bonne tactique", remarque un diplomate occidental.
Toutefois, combattre les jihadistes après qu'ils se soient retirés de ces zones et regroupés dans leur fief de Mossoul, la deuxième ville irakienne, et de la province d'Anbar ne sera pas aussi simple. La coalition a jusqu'à présent évité de viser les centres urbains contrôlés par l'EI, comme Mossoul, Tikrit et Fallouja, de peur de faire des victimes civiles.
Les vidéos de décapitation, signe du désarroi des jihadistes?
Pour certains observateurs, l'escalade dans l'horreur des récentes vidéos de l'EI -dont l'une diffusée en novembre montrait une décapitation de masse au ralenti- est un signe du désarroi des jihadistes. Dans un rare enregistrement audio, le chef de l'EI et "calife" auto-déclaré Abou Bakr Al-Baghdadi, semblait avoir lui-même du mal à convaincre ses troupes que le groupe allait vaincre.
Mercredi, le cheikh d'Al-Azhar au Caire, l'une des plus prestigieuses institutions de l'islam sunnite, a condamné les "crimes barbares" commis par le groupe jihadiste en Irak et en Syrie, lors d'une conférence internationale. Les groupes armés commettent "des crimes barbares en revêtant les habits de cette religion sacrée et se sont donnés pour nom 'Etat islamique' dans une tentative d'exporter leur faux islam", a ainsi déclaré cheikh Ahmed al-Tayeb, à l'ouverture d'une conférence rassemblant des dignitaires religieux d'une vingtaine de pays, dont l'Arabie saoudite, l'Iran et le Maroc.